GRIS

Par: (pas credité)


Qu’on écoute ou pas la météo, on ne peut nier l’évidence : on est entré dans la saison du « gris ». Et gris est un adjectif météorologique : « il fait gris, le ciel est gris ». Il s’agit d’une constatation tout à fait concrète, et on signifie en même temps qu’il ne fait pas beau, mais sans excès, sans colère du ciel, ni tempête, ni tornade : il fait un peu terne.

Ni blanc, ni noir, et pourtant pas vraiment coloré, le gris, autant qu’une couleur est une demi-teinte. Il a pourtant des nuances très diverses, du clair : (gris) perle, tourterelle, fer, au foncé : (gris) anthracite, en passant par le charmant gris-souris.

Malgré ça, c’est la couleur de l’uniformité, le contraire d’une couleur tranchée : « la nuit, tous les chats sont gris ». C’est-à-dire, tout se ressemble surtout lorsqu’on n’a pas d’informations suffisantes pour faire la différence.

Le « gris » souvent tourne à la « grisaille », qui évoque l’absence d’éclat, d’imprévu, de monotone, voire de morose , alors qu’au départ, le mot grisaille désignait une technique de peinture monochrome, un camaïeu de gris donnant l’illusion du relief.

« Faire grise mine à quelqu’un », une expression qui marque une certaine hostilité, mais sourde, rentrée. C’est un peu comme « faire la tête ».

Le gris est souvent lié à l’idée d’une silhouette qui ne se détache pas, qui reste dans l’ombre pour ne pas se faire remarquer.

Par exemple « l’Eminence grise », le Père Joseph, ce Capucin, conseiller de Richelieu, qui avait un important pouvoir, mais était un conseiller secret, sans fonction officielle, ni visibilité.

« Gris » a pourtant quelques emplois plus enjoués : avec la « grisette », par exemple : au départ, une étoffe grossière, puis la jeune fille qui s’en revêtait. Et au XIXème siècle, dans l’imagerie romantique de l’artiste et de la bohême, la grisette est une jeune ouvrière d’origine modeste, honnête (elle travaille : elle n’est donc pas du demi-monde), mais plus libre que la fille de la famille. Mimi est un coeur à prendre.

Quant à la « griserie », légère ivresse, elle évoque un gris qui se teinte de rose. « Se griser » pour s’enivrer est désuet, mais au sens figuré, le sens est encore très vif : griserie de la vitesse, de l’argent, du succès, du pouvoir.