HYPNOSE

Par: (pas credité)


"Dormez, je le veux". C'est le titre d'une pièce de Feydeau qui
vient d'être reprise au Théâtre de la Ville. Accessoirement, c'est
la phrase consacrée qu'on est censé prononcer lorsqu'on veut
endormir quelqu'un d'un sommeil hypnotique. Si l'on ajoute à cela
le film "Le septième ciel", dans lequel il est question d'hypnose
thérapeutique, on en a assez pour examiner le mot et la pratique
d'un peu plus près.

Définition courante : Etat de sommeil artificiellement provoqué.
Plus précisément avec l'idée que le sujet dans cet état devient
plus réceptif aux suggestions et produit des réponses ou des idées
inhabituelles chez lui en état de veille.

Souvent le mot qui a une origine médicale (ou qui s’intègre
à des pratiques médicales ou para médicales) vient du grec,
alors que le mot courant, "sommeil", qui correspond à un
endormissement naturel, vient du bas-latin.
Donc, hypnose est un mot d'étymologie savante.

En effet, l'hypnose a été très tôt utilisée à des fins
thérapeutiques. L'époque d'utilisation la plus intense : la fin du
XIXème siecle avec les deux écoles de Charcot et Bernheim, dont
Freud suivit tour à tour les enseignements. D'où le fait qu'au
début, Freud hypnotisait ses patients avant qu'il ne passe à la
phase verbale de la cure.

En fait, le mot n'apparaît qu'autour de 1870, et hypnotisme en
1843, en anglais, et très bientôt en français (créé par le
chirurgien Baird), alors que le phénomène lui-même est connu
depuis l'antiquité et que l'hypnose est couramment pratiquée
depuis la fin du XVIIIème siècle. Mais dès le début du XVIIème, on
utilise le mot "hypnotique" pour désigner un narcotique.

Auparavant, on parlait de "magnétisme animal", par analogie avec
les phénomènes d'attraction magnétique dans la nature (les
aimants). On attribuait l'hypnose à un "fluide" magnétique
(théorie de Mesmer, le premier à formuler une théorie de l'hypnose
au XVIIIème siècle). Le mot fluide est d'ailleurs employé encore
parfois avec ce sens : on dit de quelqu'un qui séduit ou attire par
son charisme "qu'il a un fluide", de quelqu'un qui exerce un fort
attrait, qu'il a du "magnétisme".

On retrouve un sens voisin dans l'expression "sous influence"
qu'utilisent les contemporains pour parler d'une personne qui se
trouve dans la dépendance d'une autre, un peu sur le mode de la
suggestion. Cf. le film de John Cassavetes "Une femme sous influence"
qui a beaucoup contribué a acclimaté en français ce qui n'était
d'abord qu'un anglicisme.