MÉTIER

Par: (pas credité)


Le forum des métiers nous invite à nous poser quelques questions
sur ce mot très ancien et très actuel. Cette manifestation vient
apporter une note concrète à tout ce qui est du ressort de
l'orientation scolaire ou professionnelle. On a l'impression qu'on
est moins dans l'administratif, et plus près du monde du travail.
Ce mot de métier n'est pas l'exact synonyme de profession, et
s'inscrit bien dans toute la tentative de revalorisation du
travail manuel et des compétences techniques. De son ancienneté,
il a gardé une évocation de savoir-faire, tour de main,
expérience... Et même si on l'entend parfois dans des sphères qui
échappe tout à fait à l'artisanat, l'ironie de son emploi ne fait
pas oublier son écho très positif: le Dauphin du Royaume devait
apprendre son métier de Roi. De même parlait-on du métier des
armes.

D'où "corps de métiers" que l'on trouve encore sur les publicités
d'entreprises artisanales sous la forme "tous corps de métiers" =
à l'origine il s'agissait d'une organisation d'artisans qui
distinguait les maîtres, les compagnons, les apprentis et était
soumise à des règlements précis (équivalent de corporation).
Aujourd'hui désigne simplement le fait que cette entreprise
dispose de plusieurs équipes spécialisées dans un domaine précis
(chauffage, plomberie, etc.).

Métier a donc parfois tendance a évoluer vers le sens de
spécialité. Et c'est avec cette nuance qu'il a intégré le monde du
tertiaire: on parle des métiers de la Communication, comme de ceux
de l'image et du son...
(On voit que dans ce jargon, on se retrouve souvent malgré tout, à
la conjonction de l'artistique et de l'artisanal. Cf., le vieil argot (les
années 50/60) qui parlait de ceux qui sont "dans le
métier", c'est-à-dire dans les métiers du spectacle, notamment les
musiciens et les chanteurs, tout le monde des cabarets.)

La langue contemporaine a gardé quelques expressions toutes
faites, où l'on sent encore de vieux parfums du mot: -"faire
métier de" : exercer telle profession, telle occupation.
"avoir du métier" = être habile et par extension "être
expérimenté" dans un domaine.
"Homme de métier", "être du métier" = posséder une compétence
particulière, se connaître en un domaine, être spécialiste.
Et en mauvaise part: exécution mécanique, sans imagination. Se dit
par exemple d'un écrivain: il écrit "par métier" = écrit sans
innovation, mécaniquement (pour gagner sa vie). "Avoir du métier"
(voir plus haut) peut implicitement vouloir dire aussi cela en
sous-entendant que le métier c'est la machine, le métier à tisser.
De là l'expression "(remettre) sur le métier": (remettre) en
chantier, en train. C'est un vers de Boileau ("Cent fois sur le
métier...") qui a donné naissance à cette expression. Allusion à
l'obligation pour le poète de réécrire, refaire ses vers, de
travailler son écriture.

"Gâcher le métier"; réclamer une rémunération trop basse, et donc
dévaloriser l'activité. On disait anciennement "gâter" le métier.
"A chacun son métier" ; (les vaches seront bien gardées): que
chacun s'occupe de ce qu'il connaît, de ses affaires et tout ira
mieux. Façon d'écarter quelqu'un de ce qui ne le regarde pas.
La version avec "les vaches seront bien gardées" est un vers du
fabuliste Florian, mais l'expression est attestée antérieurement.
On trouve au XVI° ce joli proverbe": "Qui se mêle du métier
d'autrui trait sa vache dans un panier."
"Il n'y pas de sot métier" (il n'y a que de sottes gens.):
proverbe moralisant, attesté au siècle dernier: exprime la valeur
du travail, même le plus humble. Invite à respecter la fonction
sociale d'autrui, même modeste.