CESAR

Par: (pas credité)


Nom propre devenu nom commun et racine de plusieurs mots dérivés
en raison de la personne et de la conception du pouvoir qui lui
est attachée.

Jules César est considéré comme le fondateur de la monarchie
impériale romaine. En effet, après avoir un temps constitué une
triumvirat avec Pompée et Crassus, il obtient le gouvernement de
la Gaule cisalpine (Italie du Nord) et de la Narbonnaise (la Gaule
méridionale). C'est de là qu'il entreprendra la conquête de la
Gaule entière. Après cette victoire, sa rivalité avec Pompée le
conduit à la guerre civile. Vainqueur définitif en 1945 des
dernières résistances, il manoeuvre alors pour garder le pouvoir.
Nommé plusieurs fois consul, il est également dictateur à
plusieurs reprises, avant d'être nommé dictateur à vie en Février
1944.

César, fort de ses victoires militaires et du soutien de la plèbe
(il était chef du parti populaire) projetait semble-t-il de se
faire nommer roi mais la royauté était honnie à Rome, donc César
reste César. D'où "césarisme" : méthode de gouvernement héritée de
César, fondée sur deux principes : le pouvoir de l'armée acquis
par des victoires militaires, la démagogie fondée sur le
clientélisme, le soutien de la "plèbe", la partie populaire de la
société, la foule. D'où le rapprochement qu'on a pu faire en
France avec le "bonapartisme".

Ce n'est qu'après la mort de Jules César que le mot va devenir un
titre lié à une fonction : les empereurs romains (imperators, mais
c'est là une autre histoire) seront des Césars. Cf. Vie des douze
Césars.

A partir de Doclétien (286), l'empire est devenu trop vaste pour
être gouverné par un seul homme. Doclétien choisit de confier la
partie orientale à un "Auguste", tandis qu'il s'associe en
Occident un aide : un "César". L'Auguste d'Orient fera de même.
Ainsi naît la "tétrarchie", mode de gouvernement de l'Empire
finissant, composée de deux augustes qui s'associent deux césars
(cf. le groupe des "tétrarques", en pierre rouge, incrusté dans la
façade de la basilique de Saint-Marc à Venise, rapporté par les
croisés du sac de Constantinople, capitale de l'Orient, et
figurant les tétrarques de l'Empire). Ceci permettra à l'Empire
d'Orient de survivre à celui d'Occident, jusqu'en 1453 (date de la
conquête turque).

Postérité du sens précédent : "tsar" qui se disait czar. Ce mot
est d'origine bulgare : il est utilisé en 919, par Syméon de
Bulgarie qui se proclame czar et veut affirmer son indépendance,
rivalisant avec l'empire Bysantin. Après son échec, le titre sera
repris par les rois de Bulgarie entre 1187 et 1396. En Russie, le
titre, plusieurs fois introduit, ne s'impose qu'avec le fameux
Ivan le Terrible en 1547, qui se fait introniser tsar dans
l'église de l'Assomption du Kremlin (encore existante). Par souci
de modernisme, Pierre le Grand lui substitue le titre
d'"imperator"! mais le mot tsar se maintient dans le langage
courant avec les termes de tzarine (épouse) et tsatévitch
(héritier) jusqu'en 1917.

NB : Anecdote sportive : A l'époque de l'Union soviétique, un
athlète spécialiste du saut à la perche, Serguei Bubka, actuel
détenteur du record du monde du saut à la perche, six fois
champion du monde, avait été surnommé le "tsar". On continue à
l'appeler ainsi (il est toujours en activité) bien que, depuis, il
ait retrouvé sa nationalité d'origine : Ukrainien...

Dernier avatar de César, le mot "kaiser" qui en dérive, et
signifie empereur en allemand. Le mot a été utilisé en français
entre 1870 et 1918, et s'est particulièrement appliqué à
Guillaume II.