HUIS-CLOS
Par: (pas credité)
Alexis, mineur et meurtrier présumé des six personnes tuées dans
une villa le 27 février 1995, comparaît aujourd'hui devant la Cour
d'Assises des mineurs de Versailles. "A huis-clos". Ce qui veut
dire que le public n'est pas admis au procès. Ce principe de
huis-clos est une exception à la règle de la "publicité des
débats" qui prévaut dans le droit français, sauf dans certains
cas, spécialement sensibles où l'on pense que la présence pourrait
nuire à la sérénité du procès. Huis-clos signifie portes closes,
d'un vieux mot français qu'on trouve encore dans "huisserie" (mot
technique de menuisier), ou dans "huissier" (celui qui, au départ,
garde la porte).La pièce de Sartre qui porte ce titre a contribué
à répandre l'expression en dehors du contexte judiciaire, et on
parlera aussi bien de huis-clos dramatique ou étouffant, à propos de
"qui a peur de Virginia Woolf" ou de "L'ange exterminateur".
Cette image des portes closes a pour écho de nombreuses autres
expressions qui évoquent au contraire une ouverture plus ou moins
grande.
Citons, pour rester dans l'actualité, une phrase de Libération de
mardi 24, à propos du dénouement (provisoire ?) de la crise
irakienne : "L'ONU a découvert la porte étroite (vers une
solution diplomatique) et s'y est glissée, entraînant à sa suite
une Amérique on ne peut plus réticente". L'image, qui vient de la
Bible, évoque une voie difficile à trouver et à emprunter, mais à
l'origine, fait plutôt penser au courage du sacrifice et de la
vertu. Cette porte étroite n'est pas beaucoup plus grande que le
chas d'une aiguille. Mais là encore, le succès de l'expression doit
à la littérature et à Gide.
Restons dans le vocabulaire diplomatique avec "entrouvrir la
porte", c'est-à-dire modérer très légèrement un propos très
ferme au départ, et donner ainsi prise à une possible négociation.
Enfin, à l'inverse de l'image de départ, on a la porte ouverte,
avec des significations variées. Ouvrir sa porte à quelqu'un, par
exemple, c'est l'accueillir - l'image est transparente.
L'expression c'est la porte ouverte à... est moins directe. Elle
évoque une idée de dérive, de laxisme aux conséquences dangereuses
: la porte ouverte à tous les excès, à tous les débordements.
Laisser ce crime impuni, c'est la porte ouverte à toutes les
violences; ne plus saluer un supérieur, c'est la porte ouverte à
l'indiscipline...
Finissons avec une image bien différente : une journée portes
ouvertes, symétrique du huis-clos de départ, est une opération qui
consiste à inviter le public à se rendre compte par lui-même des
installations et du fonctionnement d'un service quelconque : une
école, une institution, etc.