TRANS- ET OUTRE-
Par: (pas credité)
Transversales. C'est le nom d'une série de manifestations qui, à Quimper,
vont lier cinéma et système éducatif. Transversales : le mot est à la mode
pour ce genre de logiques qui sautent d'une discipline à l'autre, et créent
des ponts là où l'on n'a pas l'habitude d'en voir. Plus encore qu'une
manifestation pluridisciplinaire, ce qui est transdisciplinaire enjambe les
frontières, passe les barrières et fait fi des étiquettes.
C'est que le préfixe trans- renvoie à une idée de traversée. Le concept même de
transculturel est le plus à la mode qui soit : moins planant que le
supraculturel (tellement haut qu'il ne touche pratiquement plus au culturel
du tout), mais plus bondissant que l'interculturel (qui sent un peu sa
MJC), et moins éparpillé que le multiculturel (qui fait salade de fruits).
De façon bien plus concrète, trans- sert à former des mots géographiques,
ou qui dérivent de la géographie, avec l'idée principale de ce qui traverse
de part en part. Ces mots servent en particulier à qualifier des moyens de
transport ou des itinéraires : tunnel transalpin ou transmanche, chemin de
fer transcanadien, ou Trans Europe Express (voire Transsibérien). Finir
avec le Transatlantique est du dernier chic.
Mais n'oublions pas que trans- évoque aussi un changement radical
(transformer, transfigurer etc), et parfois une inversion de signes :
transsexuel.
Le préfixe, sur ce terrain en concurrence un autre : outre. Pourtant, les
sens sont différents : trans- évoque le passage, alors qu'outre renvoie
carrément à ce qui est de l'autre côté. C'est même une façon de situer des
terres et des pays : outre-Manche = en Amérique du Nord. On a d'ailleurs le
précédent d'Outre-mer, qui correspondait aux anciennes colonies, et dont il
nous reste les DOM-TOM.
Outre évoque donc l'au-delà (outre-tombe), et bien souvent l'excès, ce qui
dépasse la mesure (outrepasser). Pour autant, il n'est pas très productif.
Par exemple, pour remplacer son équivalent anglais over, dans l'expression
overdose, ou non pas outredose, mais surdose.