ISRAEL
Par: (pas credité)
On célèbre en ce moment les cinquante ans de la Fondation de l'Etat
d'Israël. D'où vient ce nom ? Cet état, qui date de 1948, s'est vu
attribuer un nom que les zélateurs du Sionisme lui destinaient depuis
longtemps, quasiment depuis que des vagues d'émigration juive du monde
entier (mais surtout l'Europe de l'Est) peuplaient la Palestine (à partir
du début du 19ème siècle).
Pourquoi avoir choisi ce nom d'Israël ? C'est bien sûr un nom biblique :
dans la Bible, les Hébreux sont parfois appelés enfants d'Israël, ce qui
signifie littéralement enfants de Jacob. En effet, la première occurrence
de ce nom désigne ce patriarche : seul, se préparant à combattre son frère
Esaü, il rencontre un homme avec lequel il lutte toute une nuit. A
l'aurore, Jacob ne s'est pas laissé vaincre. L'inconnu lui demande son nom
- Jacob - Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël, car tu
as lutté avec Dieu et avec des hommes et tu as été vainqueur. Israël, en
effet est formé de deux mots qui signifient lutter (avec) Dieu. Et comme
les Hébreux de la Bible étaient répartis en douze tribus, descendant des
douze fils de Jacob, voilà comment tout ce petit monde est constitué des
fils d'Israël.
Deux adjectifs dérivent de ce mot : israélien et israélite
(citoyen israélien, économie israélienne, etc…). Le second est bien plus
ancien, et il est synonyme de juif. Bizarrement, il semble que ces échos
s'inversent plus ou moins. Jusqu'au 20ème siècle, en français, le mot juif
a souvent pu être senti comme péjoratif tant l'antisémitisme latent (pas
forcément violent d'ailleurs) était admis. On n'a qu'à relire certains
passages de Hugo, pourtant l'un des esprits les plus ouverts du 19ème, pour
s'en convaincre : juif y est souvent synonyme d'usurier : c'est l'image de
Shylock. L'adjectif israélite était alors un moyen de se démarquer de cette
tradition. Les choses ont eu tendance à s'inverser au 20ème siècle : le mot
juif est plus neutre, et l'utilisation du mot israélite dénote une
neutralité d'apparence qui cache un embarras suspect.
Juif dérive aussi d'un nom biblique, Juda - non pas Judas l'Iscariote,
l'apôtre traître, mais Juda, l'un des fils de Jacob, chef de l'une des
douze tribus. A la suite de nombreuses vicissitudes historiques que le
temps nous manque pour rapporter par le menu, le royaume du roi Salomon fut
divisé après sa mort en deux états distincts : le royaume de Juda (la
Judée), et le royaume d'Israël. Ce sont les habitants de ce royaume de
Judée que les Grecs appelèrent Ioudaïoï et les romains Judaei, ce qui a
donné, près une forte érosion phonétique juif en français moderne.