POLICE

Par: (pas credité)


On ne fait qu'en parler de la police, et spécialement des polices
municipales, dont les statuts, les pouvoirs, les attributions sont
actuellement très incertains et très discutés.

On voit donc bien qu'il y a des polices (nationale, municipale, gendarmerie,
etc.), c'est-à-dire des administrations et des corps différents
(souvenons-nous de ce qu'on appelait la guerre des polices, i.e.. de la
rivalité entre des services différents). Pourtant, le mot de police est
bien un singulier collectif qui renvoie de façon indistincte, à toutes les
forces de l'ordre : la police, c'est l'organe officiel et vague qui est
chargé de faire respecter la loi. (Appelez la police ! Que fait la police ?…
etc.).

Maintenant, faut-il parler de pléonasme à propos des polices municipales ?
Tribu, disons-le, ancienne nombreuse, et diversifiée, où cousinent
politique et politesse (l'adjectif policé est à cet égard un bon
révélateur). Le point commun, en tout cas, de toute cette parentèle est la
volonté de déterminer, plus ou moins bien, les règles de la vie en commun,
qu'elles débouchent sur l'invention des rapports sociaux ou sur la pratique
du pouvoir.

Quant à l'expression faire la police c'est-à-dire faire régner la
discipline, elle s'emploie exclusivement au figuré : il s'agit de faire
respecter les consignes collectives au niveau d'un groupe, que ce soit dans
une classe ou une colonie de vacances ou dans un parti politique.
Le nom police a bien sûr donné l'adjectif policier, aux connotations très
changeantes. Parfois très péjoratif, il peut concentrer les aspects mal
famés de la police, force brutale, arbitraire, bras armé d'un pouvoir
capricieux et intolérant : état policier, régime policier, méthodes
policières… Police rime ici avec milice.
Mais on trouve des utilisations du mot bien différentes et assez
inattendues : chien policier : berger dressé pour servir d'accessoire aux
enquêtes.
Mais, assez bizarrement, on a aussi le roman policier, dont la trame est
souvent une enquête. Là, le mot n'est pas péjoratif du tout, même si le
genre a longtemps été considéré comme mineur. Mais c'est cela même qui est
paradoxal, dans la mesure où le roman policier, le polar comme on dit très
familièrement, fait encore partie de la racaille littéraire : la
littérature des bas-fonds constitue les bas-fonds de la littérature.