TACTIQUE ET STRATEGIE

Par: (pas credité)


Le refus de Netanyahou d'accepter l'invitation de Bill Clinton fait glousser :
tactique ou stratégie ? On trouve les deux mots, avec un sens qui n'est
pas exactement identique : une stratégie est faite pour gagner la guerre,
une tactique, pour gagner une bataille. En gros, la tactique, souvent
dévalorisée, évoque une réponse au coup par coup, sans grand dessein.
Surtout quand on l'utilise, au figuré, dans un autre domaine que la guerre,
notamment en politique, ou dans n'importe quelle situation de conquête ou
de conservation d'un pouvoir. La tactique fait donc penser à une manœuvre,
avec l'idée qu'elle est à courte vue : on veut marquer un point sur
l'adversaire, plutôt que de faire avancer une politique. Malgré sa sonorité
expressive et proche de l'onomatopée, le mot ne s'est pas construit sur
l'idée d'une réponse du tac au tac (ou du tac au tic). Il vient tout
bonnement du grec (et même de l'Attique) "tattein ", placer, ordonner.

La stratégie, c'est bien autre chose. Ça vient aussi du grec (strategia =
commandement d'une armée et strategos = général en chef) et ça désigne, au
départ, l'art de faire évoluer une armée sur un théâtre d'opérations
jusqu'à ce qu'elle rencontre l'ennemi - pour ainsi dire l'art de la drôle
de guerre. Mais, bien vite, le sens du mot s'anoblit : c'est l'art de
penser la conduite de la guerre avec une idée de pensée globale
d'anticipations, d'actions multiples et concertées : une série de
dispositifs concertés pour atteindre le but final.
L'adjectif stratégique : une position stratégique est une position-clé (la
cote 310, le Pont de la rivière Kwaï).
Et le succès du mot vient de ce qu'il a largement débordé le lexique
guerrier pour aborder, par exemple, aux rives du commercial. On parle de
stratégie de communication (Oh ! mon Dieu, oui !), et même dans une galerie
d'art de stratégie d'accrochage des tableaux : disposer les objets et les
œuvres de manière à guider le regard, et organiser la perception du Pékin
moyen.