ASCENSION

Par: (pas credité)


L'Ascension ! Chic, on chôme, pour se souvenir qui Jésus-Christ, apparu après sa mort à ses disciples et aux Apôtres, s'était élevé dans le ciel. De ce dernier miracle, il est peu fait mention dans les Evangiles (sinon celui de Luc), mais les Actes des Apôtres l'attestent ; c'est assez pour chômer, chômons donc ! Cet exploit a de toute façon le mérite de nous familiariser avec le sens du mot ascension : élévation verticale, de la Terre vers le Ciel.

Le mot d'ascension a particulièrement servi à désigner le fait de s'élever avec un aérostat. C'est un peu vieux, mais on peut profiter de l'Ascension pour se souvenir également de cette première ascension, due aux frères Montgolfier, dans leur patrie d'Annonay, le 5 juin 1783. A peine moins verticale, une ascension constitue l'essentiel de l'activité des alpinistes : si la pente est bien pentue, qui les souliers sont des croquenots cloutés, qu'on a le piolet à la main et la corde autour de la ceinture, si de surcroît on a la chance de s'appeler Frizon-Roche, le doute n'est plus permis : c'est une ascension, même si les gens du métier, faux modestes à l'accent rocailleux, disent une course.

Soyons pour finir plus urbains : loin du miracle ou du jarret d'acier, prenons pour un fois l'ascenseur. Mot et choses sont français, dus au cerveau inventif d'Edoux, qui en 1867, met au point un appareil d'élévation pour personnes, avec autant d'à-propos comme inventeur qui comme linguiste. Succès pour l'engin et le vocable, sans concurrence menaçante, malgré l'anglais lift qui tenta sa chance et nous laissa liftier (garçon d'ascenseur).

L'ascenseur est aujourd'hui si ancré dans notre monde qu'il a généré. La pittoresque expression de renvoyer l'ascenseur : rendre service, une fois venu le succès, à ceux qui vous ont aidé avant que le succès soit au rendez-vous ; et plus généralement rendre un service pour une autre. L'expression devrait très positive, illustrant des valeurs de solidarité et de fidélité ; pourtant elle est souvent péjorative, à propos de ceux qui utilisent leur pouvoir pour favoriser leurs amis - à propos par exemple, dénominations qui ne sont pas dictées par la compétence, mais des dettes de reconnaissance. Mais l'expression se comprend d'autant mieux si on se rappelle les ascenseurs de jadis, qui ne servaient qu'à monter, et qu'il fallait, une fois en haut faire redescendre à vide, pour que le prochain utilisateur le trouve tout prêt.