CARTON

Par: (pas credité)


La Coupe du monde nous inonde de cartons : jaune pour la menace, rouge pour l'expulsion, vert pour faire entrer les soignants sur le terrain lorsqu'un joueur à terre ne se relève pas... Si bien qu'une nouvelle expression voit le jour : un joueur a été cartonné, c'est-à-dire qu'on a brandi un carton à son encontre.

Néologisme de sens, mais pas de mot, car cartonner existe déjà, et déjà avec un sens figuré expressif : cartonner, c'est très bien réussir : j'ai cartonné à mon examen (j'ai eu 14 aux trois premières épreuves, et 17 à la dernière). Le sens se comprend à partir de faire un carton qui vient du vocabulaire du tir : le carton, c'est la cible : faire un carton, c'est tirer dessus, et en particulier ne pas la manquer. Bien sûr, dans un langage expressif, faire un carton sera utilisé dans un contexte plus réel : "Jo la gachette a fait un carton sur la belle Susie, un peu câline avec Gégène". L'idée de tir bien ajusté est vite remplacée par celle de tir violent, et le mot est passé dans le lexique du football avec ce sens : cartonner, c'est souvent "tirer un boulet", "fusiller"... Et par extension (et en dehors du football), cartonner a été utilisé au passif, un peu dans le sens d'"allumer". "Il roulait à 80 dans le couloir du bus, et sans lumière... Il s'est fait cartonner par les flics". On voit bien qu'on est dans un registre familier.

Carton vient bien sûr de carte, qui est un emprunt à l'italien. Et carton a gardé un sens plus près de l'étymologie que carte : carta signifie papier, et cartone papier renforcé, comme carton. Tout naturellement, carton devient donc synonyme de carte à jouer, notamment dans l'expression taper le carton, mais aussi moins courant aujourd'hui, battre : manier, tripoter le carton. Enfin, le carton qui avait dans les années 60 le sens familier de cartable (par ressemblance) a été immortalisé par Linda de Souza, avec sa valise en carton, symbole un peu convenu du pauvre immigré perdu dans le nouveau pays où il arrive.