PARITÉ

Par: (pas credité)


Elle est à la mode la parité : à défaut de la voir à l'œuvre dans les
assemblées publiques, on en parle. De quoi donc retourne-t-il ? La chose a
à voir avec la revendication féministe : la vie politique française étant
scandaleusement masculine, on s'étonne, on s'inquiète, on s'insurge : la
parité n'existe pas. Ce qu'on appelle la parité, dans le contexte politique
actuel, c'est l'égalité d'hommes et de femmes dans les lieux de pouvoir.
Que font les appareils ? Justement, les partis pourraient corriger cette
donne inégale, qui fait que dans les gouvernements et les assemblées
d'élus, le masculin l'emporte honteusement sur le féminin. Comment ? Facile
: en présentant des candidats et des candidates en même nombre, avec des
chances égales, et à des postes également importants. Notons un petit
progrès avec le gouvernement actuel. Et souvenons-nous des débats autour
des listes chabadabada : référence plaisante à la scie égrenée et composée
par Pierre Barouh pour le film de Claude Lelouch " Un homme et une femme ".

Le premier sens de parité est différent : c'est au départ simplement
l'égalité, et en particulier l'égalité de valeurs (parité entre deux
monnaies). Le sens particulier que nous venons d'évoquer a dérivé de
l'adjectif paritaire dans des expressions administratives comme commissions
paritaires : composée à égalité de membres issus de collèges ou de groupes
différents. Ça renvoie souvent à ce qu'on appelle les partenaires sociaux :
direction-patronat/travailleurs-syndicats.

Et ces deux mots viennent de pair, mot moins utilisé qu'auparavant, qui, en
tant que substantif, sonne un peu ancien, et qu'on entend en particulier
dans des expressions toutes faites… Pair veut dire égal, et a un sens
spécial, comme adjectif, en arithmétique : un nombre pair est divisible par
deux ; il se divise en deux nombres égaux.

Sans ça, pair (substantif) signifie qui a la même fonction, le même rang :
d'un pianiste qui se produit devant un public bourré de musiciens, on peut
dire qu'il est jugé par ses pairs ; hors-pair = sans égal ; de pair à
compagnon (vieilli) = d'égal à égal. Et la jeune fille au pair, celle qui
s'occupe des enfants, une étudiante étrangère bien souvent, venue parfaire
ses connaissances dans la langue du pays qui l'accueille, est hébergée, et
payée à proportion du travail qu'elle fournit. Mais l'origine de
l'expression est parfois mal comprise, quand on imagine qu'elle est
accueillie à l'égal de quelqu'un de la famille, pour distinguer son statut
de celui d'une domestique.

Si on a le temps, on dira un mot d'impair, dont le sens comme adjectif
arithmétique est l'inverse de pair, et qui comme nom, désigne une
maladresse, une bêtise.