MÉTAPHORE AU POISSON
Par: (pas credité)
Nombres d'images du français font appel au monde aquatique, de façon
imprévue ou cocasse.
Ainsi, quand on dit qu'il y a "anguille sous roche", on veut dire que la
situation cache quelque chose : tout ça, c'est louche, je commence à avoir
des soupçons… Et l'anguille évoque ce qui se saisit mal, qui échappe :
c'est long, rapide et glissant. On ne dit pas communément de quelqu'un
qu'il est glissant comme une anguille, mais on dit simplement "c'est une
anguille", cela signifie qu'il ne donne jamais de réponse ou d'opinion
nette : il ne prend pas partie, il ne prend pas de risques ; ne veut faire
de peine à personne.
D'autres poissons servent à d'autres comparaisons, souvent d'ailleurs peu
aimables : "plate comme une limande", par exemple, ne se dit pas d'une
montre, mais plutôt d'une femme qui a peu de poitrine : c'est un peu
vulgaire et déplaisant.
"Muet comme une carpe" est moins méprisant, et s'applique à quelqu'un
qui parle peu ou se refuse à parler. La carpe a mauvaise réputation depuis
longtemps : on disait jadis "être ignorant comme une carpe".
On peut aussi être serrés comme des sardines (en boîte), dans le métro par
exemple. L'image se comprend aisément et a eu un antécédent : "être serrés
comme des harengs en caque"… Cette caque est le nom néerlandais de la
barrique où l'on empilait les harengs et qui, d'ailleurs, avait donné lieu
à une autre expression : "La caque sent toujours le hareng",
c'est-à-dire, on porte toujours la marque de son origine basse - peut-être
la plus méprisante de toutes les expressions qu'on a vues jusque-là.
Terminons avec "faire des yeux de merlan frit" = rouler des yeux remplis
d'amour, attitude toujours ridicule, mais pas forcément antipathique. Le
merlan était le nom familier d'une profession, coiffeur, car les coiffeurs
avaient souvent l'air saupoudré de farine quand ils étaient couverts de
poudre à perruque.