MANSARDE
Par: (pas credité)
Une exposition consacrée à François Mansart nous rappelle l'étymologie de
la mansarde, petite fenêtre dont la structure et l'ouverture ont été
inventées par ce génial architecte, moins connu peut-être que son
petit-neveu, Jules Hardouin Mansart, qui fut l'un des architectes du
château de Versailles (en tout cas de ses embellissements commandés par
Louis XIV), et le père du grand Trianon.
Venons à la mansarde, petite fenêtre pratiquée dans la partie inférieure
d'un comble brisé - ça, c'est la définition technique. En gros, il s'agit
d'une ouverture pratiquée non dans un mur mais dans un toit en pente. Et la
pièce qui comporte une mansarde a donc un plafond en pente, qui peut aller
jusqu'au sol. On l'appelle pièce mansardée, puis par extension, mansarde,
comme la fenêtre qui lui donne son jour et son nom. Ce mot de mansarde
évoque presque toujours un lieu de vie à soi seul (et non une pièce faisant
partie d'une habitation plus vaste), une pièce de pauvre où se loge soit la
domesticité, soit la bohème. Cette pauvreté n'est donc pas toujours
sordide, mais elle correspond bien à cette légende poétique et trompeuse
qui veut qu'une certaine jeunesse insouciante et désargentée habite sous
les toits. Le syntagme chambre de bonne, moins romantique, correspond à peu
près à la même réalité.
Revenons à ces petites fenêtres d'où nous sommes partis, et dont la
petitesse évoque souvent soit la modestie, soit le voyeurisme. La lucarne,
par exemple, est une ouverture pratiquée à même le toit (sans aménagement
du comble, ce qui était caractéristique de la mansarde). Quelques sens
figurés : "de ma lucarne" = expression qui signifie "de mon point de vue".
La petite lucarne a aussi été une locution ironique et un peu désuète pour
désigner la télévision. Enfin, la lucarne a pris pied dans le vocabulaire
du football, et se réfère aux deux coins supérieurs d'un but.
Mais d'autres ouvertures évoquent davantage la méfiance ou la dérobade :
Le vasistas, importé de l'allemand, puisque le mot est une réinterprétation
figée de la question allemande : "qu'est-ce que c'est ?".
Le judas (1788), petite ouverture fermée dans un plancher ou une grille, et
qui se comprend peut-être à partir d'une idée de trahison, car on voit sans
être vu. C'est à peine plus grand que l'œilleton.
Et ne parlons même pas de la meurtrière, aux visées assassines.