NARCISSE ET EGO

Par: (pas credité)


Et pour la Saint-Narcisse ? On parlera de narcissisme, inutile de se
compliquer l'existence. En raccourci, puisque le temps nous est compté,
Narcisse, dans la mythologie grecque était un très beau jeune homme
s'intéressant peu aux choses et aux gens de ce monde et n'aimant que lui -
et particulièrement son reflet dont il s'était épris. Tomba-t-il dans
l'eau en voulant embrasser la bouche qu'il y voyait reflétée ? Les témoins
manquent pour l'attester, mais vu le calibre du zozo, ça n'aurait rien
d'impossible. En tout cas, la psychanalyse s'est emparée du mot pour en
faire un concept (ou deux : narcissisme primaire et secondaire), et la
langue courante l'a repris à la psychanalyse pour le mettre à toutes les
sauces. Est narcissique celui qui s'occupe trop de lui-même et de son
image, de l'effet qu'il produit sur les autres et sur lui-même. Et le
narcissisme est justement cette disposition d'esprit.

Il est un autre terme, emprunté à la psychanalyse que la langue courante a
adopté. Mais il est latin et non grec : c'est ego, qui signifie moi. Le
plus étonnant est que dans les textes théoriques traduits en français (de
l'allemand freudien), on utilise des mots français : le moi et le surmoi
(deux termes de ce qu'on appelle la deuxième topique). Mais l'anglais et
l'américain ont gardé les termes latins tels quels : ego et superego. Et
c'est sous cette forme que la langue ordinaire (mais quand même un peu
branchée) les a repris : "celui-là, il a un ego énorme", c'est-à-dire :
il ne laisse pas beaucoup de place aux autres, il est persuadé que le seul
personnage important, c'est lui. Et ces emplois sont consolidés par
quelques autres mots français bien plus anciens, et nullement jargonnants,
qui font intervenir cette racine latine : égocentrique - dont le sens se
rapproche des emplois qu'on vient d'évoquer ; et bien sûr, le toujours
jeune égoïste (qui fait passer son intérêt avant tout autre chose).