PAPE
Par: (pas credité)
Le Pape est à la noce : on parle de lui, on le célèbre, on souligne sa
longévité : vingt ans pape, c'est quelque chose. Et on en reparle, cette
semaine pour le défendre. Comme toutes les célébrités, le pape est moqué,
et une association s'est portée partie civile, estimant que la publication
Infos du monde a été un peu loin dans le sensationnel qu'elle dévoile ou
extrapole. Ce n'est pas sur ce débat que nous entendons nous placer, mais
simplement, on peut s'interroger sur le mot pape, et ce qu'il a engendré.
Le mot est ancien, et d'origine grecque. Il vient semble-t-il du
vocabulaire enfantin, et veut simplement dire papa. C'est donc un mot qui
exprime tout à la fois la familiarité, l'affection et le respect. Dès le
IIIe siècle, ce sont les évêques qu'on appelle ainsi, puis tout simplement
l'évêque de Rome.
Le mot ne semblait promis à aucun féminin jusqu'à ce qu'une Jeanne,
mystérieuse sur son identité sexuelle, ne s'avisât d'occuper le siège
pontifical de 855 à 857. La papesse Jeanne était née. Ce mot continue de
faire une petite carrière, puisqu'il vient d'entrer dans la dernière
édition du petit Robert sous son sens figuré, avec l'exemple suivant : la
papesse de la psychanalyse. (= celle qui prétend tout savoir, et impose ses
diktats).
D'autres dérivés ? Pas beaucoup, mais retenons les papistes, terme
méprisant, sous la plume des polémistes protestants à l'époque des guerres
de religion, pour désigner les catholiques, soumis à l'autorité du pape. Le
dérivé le plus inattendu est certainement la papamobile (populaire,
souriant et mécanique), qui désigne sa voiture.
Des expressions maintenant : sérieux comme un pape, c'est-à-dire
extrêmement sérieux dans une circonstance où on ne s'y entend pas
forcément.
Et puis ceux qui entourent le Souverain Pontife (c'est une autre de ses
désignations) ont une respectabilité ou une importance qui s'en trouve
rehaussée d'autant. De là, se prendre pour le premier moutardier du pape
(= péter plus haut que son cul). Ou être quinteux comme la mule du pape
= faire des caprices, notamment sur les heures de repas.