COMETE

Par: (pas credité)


Et voilà qu'on en reparle de la "comète", non pas celle de Halley, mais
une autre toute aussi sympathique. La comète, c'est-à-dire cet astre
étrange et lointain, dont la queue brille mystérieusement. Et c'est à cet
appendice nébuleux qui luit dans la nuit que la comète doit son nom. La
comète vient de l'adjectif grec, littéralement chevelu, une qualité qu'elle
semble avoir à l'œil du terrien qui l'observe.

C'est en fait, paraît-il, un astre à petit noyau qui, lorsqu'elle approche
du soleil, émet une atmosphère passagère de gaz, de poussière de roches, à
l'instar d'une chevelure diffuse, rendue lumineuse par la lumière solaire
au contact des gaz. Et c'est cette queue, droite et bleutée qui peut
atteindre plusieurs centaines de milliers de kilomètres qui a valu à la
comète son nom et sa réputation. Ce phénomène énigmatique qu'est
l'apparition d'une comète en a fait rêver plus d'un, et la langue a gardé
quelques traces de ces fulgurances. Certaines, bien sûr, s'évanouissent avec
le temps. On sait des ans qui reçurent le nom d'année de la comète ; on eut
la mode à la comète (en 1756), les crus de la comète en 1811 (les vins
étaient, paraît-il, fameux), etc.

Enfin, on tire des plans sur la comète, expression imagée, au sens assez
vague. Cela veut dire échafauder des projets incertains et mirifiques, avec
peut-être une référence aux travaux d'Halley qui, le premier, avait
découvert la récurrence des comètes, et prévu la date de leur réapparition.
Mais, souvenons-nous aussi que dans l'argot du bagne, tirer des plans
voulait dire faire un projet d'évasion. Sur la comète pourrait bien n'être
qu'un intensif pittoresque.

La comète, dans la langue de tous les jours (et tous les jours, l'envie me
prend de parler de comète), est bien souvent assimilé à l'étoile filante.
Rien n'est plus absurde, puisque l'étoile filante n'est rien qu'un
agglomérat de matière entré à l'occasion dans l'atmosphère. L'enchaînement
est implacable : frottement avec l'air, donc chaleur, donc désintégration,
donc traînée lumineuse. Et cette chevelure d'un instant nous induit en
erreur, en mettant sur le même plan deux apparitions que des mondes
séparent. Celles qu'on a appelées tour à tour étoiles erratiques, volantes,
tombantes (et enfin filantes) - et qui appellent si fort le vœu, ont deux
synonymes : météore ou météorites. Attention à l'orthographe de météorite :
sans H (pas comme dans aérolithe, etc). Mais peu importe son genre : plutôt
une météorite aujourd'hui, alors que jadis c'était un météorite. Précisons
enfin une petite différence de sens : la météorite est un fragment de
météore qui finit par tomber par terre.

Un dernier mot pour rassembler toutes les locutions : comète, étoile
filante ou météore/météorite, au figuré, désignent une personnalité
exceptionnelle, à la carrière très brève et très marquante : Rimbaud,
Radiguet, Scott LaFaro.