CIRQUE

Par: (pas credité)


Les fêtes de fin d'année sont une bonne occasion pour emmener les enfants
au cirque. Le sens du mot "cirque" est clair : il désigne un type de
divertissement qui présente, en général sous forme de revue, une succession
de numéros exécutés par différents artistes. Des numéros qui font rire, et
d'autres qui font frissonner, puisque tout l'art du cirque oscille entre le
comique et la prouesse. On est en tout cas dans un monde d'excès et
d'outrance, d'extraordinaire, qui, transposé dans la langue courante, va
évoquer l'incongru et le désordonné.

Ce qui explique des expressions telles que "qu'est-ce que c'est que ce cirque ?"
ou "arrête ton cirque !".
Mais plus que la pétaudière, l'expression aura tendance à évoquer la
comédie, le caprice à orientation hystérique, mis en scène par son auteur.
Et ces locutions s'emploient souvent (et familièrement bien sûr) pour
désapprouver une demande ou une attitude jugée excessive ou incongrue.
Mais ces expressions n'appartiennent pas spécialement au langage des
circassiens. Les circassiens, passionnés de cirque ou de gens de métier -
avec un nom pour les nommer qui utilise par calembour celui d'un peuple
disparu, qui jadis vivait au nord du Caucase, en Circassie.

Aucun souvenir, dans tous ces emplois de l'origine du mot "cirque" qui, bien
sûr, a partie liée avec le cercle : un cirque n'est rien d'autre qu'un
espace circulaire. Et cet espace est techniquement dénommé piste - un
cercle dont la dimension est fixe : treize mètres cinquante de rayon,
calculés d'après la longueur de la chambrière.

Et tout le monde sait qu'une chambrière est un long fouet, au départ
utilisé par les dresseurs de chevaux. Pourquoi "chambrière" ? Parce qu'il
assiste le dresseur comme la chambrière -la femme de chambre- assiste sa
maîtresse. Est-ce que c'est bien certain cette étymologie acrobatique ? Non
évidemment ; mais c'est ce que disent les meilleurs linguistes.
En tout cas, bien benêt serait celui qui confondrait la chambrière avec le
perpignan, fouet court à manche d'osier tressé, jadis fabriqué dans la
ville homonyme, et qui sert aux dompteurs de fauves.

C'en est assez pour nous convaincre : le cirque a son jargon pittoresque,
balançant entre batoude et léotard, entendu des banquistes opaques aux
pantres. (Batoude : tremplin de saut ; léotard : maillot des acrobates,
conçu par Jules Léotard, l'inventeur du trapèze volant ; banquistes : gens
du voyage ; pantre : goy).
Une dernière expression pour finir : travailler sans filet qui fait
référence aux acrobates, et particulièrement aux trapézistes : en général,
ils font tendre un filet de sécurité au-dessous d'eux, qui les rattrape en
cas de chute. Travailler sans filet, c'est donc tenter quelque chose sans
solution de repli, sans possibilité de rattraper un raté ou un imprévu.