FANTÔME

Par: (pas credité)


Fantômas revient, ainsi que "le Fantôme de l'Opéra" qu'on monte. Il n'en faut
pas plus pour parler de fantôme qui, au sens propre, si l'on peut dire,
renvoie à l'apparition surnaturelle d'un mort. Je ne suis pas sûr si j'y
crois ou pas, mais quand même, le mot vient de Marseille, ce qui me conduit
à penser qu'on a pu exagérer un peu à propos des fantômes. De Marseille ?
Eh oui, en tout cas du grec phocéen, avec le premier sens d'illusion
trompeuse.

Et ce mot (et ceux de la même famille), s'emploie souvent au sens figuré
pour mettre l'accent sur de l'irréel ou de l'imaginaire.
"Fantôme" est souvent employé en apposition, dans un rôle d'adjectif et donne
alors l'idée qu'une chose dont on parle comme si elle était réelle,
n'existe pas en réalité : "les divisions fantômes d'une armée" (on n'est pas
loin du leurre), de "l'argent fantôme" pour financer un projet.
Ou bien c'est quelqu'un qui existe vraiment mais qui remplit ses fonctions
avec tant de discrétion et un absentéisme si assidu qu'on ne le voit jamais :
"une secrétaire fantôme", "un patron fantôme".

L'image a été employée pour des engins dont on souligne le caractère
insaisissable : le Phantom est un chasseur américain (l'image est
rigoureusement la même dans plusieurs langues et on peut la mettre en
rapport avec le Mirage français). Mais derrière ces mots d'avion, rôde
bien sûr un autre mythe, celui du "Vaisseau Fantôme", illustrée par Wagner :
musique germanique et Hollandais volant, on a vite fait le tour des
cultures européennes.

"La famille fantôme" a intégré la psychologie, avec par exemple le "fantasme".
Ce mot technique de la psychanalyse existait avant Freud, mais c'est dans
le champ analytique qu'il s'est épanoui avec son jumeau "phantasme". On a
bien essayé de distinguer deux concepts, mais l'affaire a fait long feu,
d'autant que le mot est devenu courant : si le "fantasme" est une image
projetée depuis l'inconscient, on a de plus en plus tendance à en faire
l'image d'un désir sexuel puis, au fur et à mesure que le mot se répand, de
façon bien plus générale : "fantasmer", c'est convoiter ce qu'on considère
comme presque hors d'atteinte… presque… "Quand Machin a été muté, j'ai un
instant fantasmé sur son poste". Ça tient du rêve, du si seulement, du si
jamais.