LUNE

Par: (pas credité)


Le corps :
La référence à la lune pour décrire la physionomie d'une personne n'est pas
toujours, très élogieuse loin de là : "face de lune" : insiste sur la
rondeur, le côté joufflu et en plus l'aspect ébahi, voire un peu abruti d'un
visage (mélange détail morphologique et psychologique). Pourtant selon la
mythologie grecque Séléné, déesse de la Lune, suscite l'amour de bon nombre
de Dieux, le dieu Pan par exemple qui la séduisit, en lui donnant une
magnifique toison blanche.
Populaire :
Plus curieusement encore, la lune dans le langage familier et
populaire désigne le derrière, "on a vu la lune en plein jour" = on a vu
ses fesses. Expression plutôt enfantine qui tire sa logique d'un lien
analogique, la rondeur.

Psychologie :
La lune est associée à l'idée de distraction, à la propension à la rêverie :
"être dans la lune", c'est-à-dire être ailleurs, rêver. Antithèse de
la formule "avoir les pieds sur terre". Cf. aussi la chanson populaire
"Au clair de la lune" et le personnage de "Jean de la lune" : on
employait d'ailleurs sur ce modèle la formule : Nom + "de la lune" pour
qualifier un distrait, un rêveur.
La lune symbolise aussi la bêtise "con comme la lune" (version avec
l'adjectif éludé : "il est… comme la lune" début XXème siècle ). Mais dès le
XVIIème, la référence à la lune exprime très souvent le dérangement mental :
"avoir la lune dans la tête" ou encore "avoir un quartier de lune dans
la tête" = être fou. Cette association à l'idée de folie s'est en fait
perdue mais on en garde quelques traces avec l'idée d'instabilité
psychologique.
Caractère instable, "être lunatique" : suppose à l'origine la croyance en
l'influence néfaste de la lune. On disait autrefois "être dans une bonne
ou une mauvaise lune", faisant ainsi référence à l'influence astrologique
variable de la lune sur le comportement des humains. On dit à présent dans
une formule plus rapide : "être bien ou mal luné", en d'autres termes
"être de bonne ou de mauvaise humeur" qui reste très courant
(noter que cette forme verbale dérivée de lune n'existe qu'à la forme de
participe passé).

Les comportements :
La surprise : "tomber de la lune", éprouver une vive surprise et aussi
par analogie, "tomber de haut".
Ambitions excessives : "demander la lune". XIXème siècle = chercher
l'impossible.
Réussite absolue : "décrocher la lune" = faire l'impossible. Au XVIème,
on disait "prendre la lune avec ses dents".
"Promettre la lune" : faire des promesses impossibles à tenir (milieu
XIXème). "Prometteur de lune" est attesté dans ce sens en 1537, mais ne
s'emploie plus.
Voir aussi "faire un trou à la lune" : s'enfuir sans payer ses
créanciers, après une banqueroute.