MARIVAUDAGE

Par: (pas credité)


1- "Marivauder" : le verbe apparaît du vivant de Marivaux avec le sens de
"s'exprimer à la manière de Marivaux". A son époque, en effet, Marivaux est
déjà réputé avoir une expression compliquée qui surprend.
Donc, par extension : "exprimer de manière raffinée et compliquée" des
sentiments, en général amoureux.
"Marivaudage" est attesté aussi dans la correspondance de Diderot en 1760, il
signifie "style raffinant le sentiment et son expression" (A. Rey). Par
extension, il signifie "badinage spirituel" (on parle de marivaudage
sentimental).
On peut rapprocher le mot du terme "préciosité" qui lui aussi évoque le
raffinement poussé jusqu'à l'exagération (Molière), y compris dans le
domaine des sentiments, mais qui s'emploie dans un sens plus large qui
concerne "l'affectation" dans la manière de s'exprimer. On notera que la
préciosité renvoie aussi à un courant littéraire (au début du XVIIème siècle).
"Préciosité" concerne essentiellement la manière de s'exprimer, alors que le
"marivaudage" fait référence au jeu des sentiments.

2- "Badinage" : le mot vient du provençal "badin = nigaud". Il a désigné
longtemps un personnage niais, un fou puis le bouffon des comédies.
Personnage folâtre, enjoué, un peu frivole. On retrouve encore ce sens chez
Courteline qui nomme un de ses personnages, Monsieur Badin.
Cela a donné badinage qui signifie "sottise", encore au XVIIème siècle
chez Molière, avant de devenir le substantif du verbe badiner =
"plaisanter avec enjouement".
Le mot renvoie plus directement aujourd'hui à l'idée d'un bavardage,
souvent superficiel, autour des sentiments. Voir le titre d'une pièce de
Musset "On ne badine pas avec l'amour".

3- "Libertinage" : le mot vient de libertus qui en latin signifie "affranchi".
La diffusion du mot fait référence à un courant de pensée du début du
XVIIème siècle qui prétend s'émanciper de toute croyance religieuse. Par
extension, le mot désigne une personne à la morale flottante, considérée
comme débauchée ou simplement adonnée à la recherche du plaisir sans
contrainte. A l'époque de Marivaux, des écrivains comme Crébillon et un peu
plus tard, Laclos mettront en scène des libertins en ce sens.
Le "libertinage" diffère du "marivaudage" qui est avant tout un jeu avec les
sentiments et les mots. Il suppose une volonté plus affirmée de refus des
conventions morales et une manière de vivre délivrée de toute contrainte.
Néanmoins, le "libertinage" est encore une façon d'user du langage pour
séduire, une forme d'expression ludique, mais moins enjouée que cynique.