SORTIE
Par: (pas credité)
Sortie. C'est un titre. Celui d'une pièce de théâtre de Hans van den Bröck.
En fait, peu importe de quoi parle la pièce, ce mot de "sortie" a un sens
particulier au théâtre : le fait de quitter la scène, de disparaître de la
vue du spectateur. Et on va voir que "sortie" est un mot bizarre qui, selon
deux séries d'emplois, évoque soit une disparition, soit une apparition.
Dans le panier de la disparition vient, bien sûr, la "sortie" de théâtre - et
son corrélât, la "fausse sortie", expression qu'on utilise ironiquement en
dehors de tout contexte théâtral pour parler de quelqu'un qui feint de se
retirer d'une affaire, puis se ravise. De même, on parle de réussir ou de
"rater sa sortie", de "faire une sortie" remarquée quand on théâtralise sa
façon de quitter un lieu.
Au sens figuré, "pousser quelqu'un vers la sortie", c'est l'écarter d'une
fonction, le marginaliser, l'amener à se retirer.
"Trouver une porte de sortie", c'est trouver un artifice pour se tirer sans
trop d'embarras ou de déshonneur d'une situation ridicule ou dégradante. Et
dans le même sens, "ménager à quelqu'un une porte de sortie", c'est lui
permettre de se retirer en sauvant la face.
A l'inverse, la "sortie" se comprend souvent comme le fait de sortir de
terre, de rien, du néant, d'advenir à l'existence, comme un diable sort de
sa boîte.
On a, par exemple, "sortie" dans le sens de parution : "sortie" d'un livre, d'un
film, d'une pièce de théâtre, ou d'un journal. De ce dernier exemple, on
tire un sens voisin de tirage, et on glisse vers la "sortie papier" d'un
texte entré dans un ordinateur.
Et on a aussi un sens agressif, militaire au départ : une "sortie" est une
attaque de troupes assiégées, pour desserrer l'encerclement. Et par
extension, on parle de "sorties" dans l'aviation, pour aller bombarder des
positions adverses. On comprend ainsi comment le mot en vient à désigner
une attaque verbale ; "faire une sortie contre quelqu'un". Et le verbe "sortir"
lui-même peut désigner le dire quelque chose d'incongru, d'inattendu,
d'affreusement stupide : "il a encore sorti une énormité".