MAGNAT

Par: (pas credité)


Rupert Murdoch sera-t-il patron du Manchester United ? C'est son affaire
(et celle de quelques salariés, et aussi de quelques lecteurs de la presse
britannique), mais Murdoch est d'ores et déjà un magnat de la presse. Un
"magnat" ? C'est-à-dire un géant, un titan… Les métaphores abondent pour
désigner ce genre de patron millionnaire qui concentre dans ses mains la
majeure partie des entreprises d'un secteur donné, et menace de les
monopoliser.
Concentrons-nous pour notre part sur "magnat" qu'on utilise
essentiellement en français lorsqu'il s'agit de presse (Murdoch, Kane, le
citoyen imaginaire d'Orson Wells, Hersant peut-être, et encore, le mot
s'emploie plus volontiers lorsqu'il s'agit des Anglo-saxons), ou de pétrole
(Rockefeller).
On a donc, sans problème, compris ce qu'est un "magnat" : un puissant, un
grand. Pas d'équivoque sur l'origine : le mot appartient à la famille du
latin "magnus" = grand.

Le problème tiendrait plutôt à sa prononciation : "mania" ou "magna".
Y a-t-il vraiment une règle? L'usage courant hésite : le dictionnaire
indique "magna" ; la prononciation avec un GN mouillé semble aujourd'hui plus
fréquente, indice probablement d'une excellente assimilation du mot,
puisque c'est la prononciation la plus régulière de la succession GN. Mais
"magnat" est un emprunt compliqué, non pas directement hérité du latin
gallo-romain, mais du latin administratif (et tardif) des Polonais qui
appelaient "magnates" leurs princes. Ça pose plus généralement le problème de
cette prononciation de la séquence GN.

La règle générale est la suivante : en français, la séquence GN se prononce
"nie" en français, ce qui ne pose pas de problème phonétique particulier :
"pignon", "ignorant" et "ragnagna".
"Magnificat" se prononce des deux manières.
Voyons "magnum", pour en finir avec cette famille, toujours prononcé à la
latine, et qui désigne une grande bouteille de vin (150 cl). Cette
prononciation s'explique par un emprunt déjà ancien (XIXème siècle) à
l'anglais.
Lexique religieux avec "gnose" (connaissance des mystères qui sont censés
être à la base de toute religion), et "agnostique" (qui n'a pas la foi). Mais
on a aussi "diagnostic" (identification d'une maladie d'après des
symptômes) ou "prognathe" (qui a les maxillaires en avant).
N'oublions pas le "gnome" (petit génie gardien des trésors de la terre) qui
vient du latin des alchimistes et "gnou" (sympathique mammifère ongulé, dont
le nom vient du hottentot).
Pour finir, un cas à part avec "stagner". Pourquoi "stagner" ? Encore
probablement une histoire de date : le mot n'apparaît qu'en 1788. Il est
bizarre qu'il se soit raidi sur sa prononciation latine, mais voilà, c'est
comme ça.