IMPOT
Par: (pas credité)
C'est le moment de déclarer ses revenus. Et sur la feuille, est bien indiqué
"déclaration des revenus" ; mais en fait tout le monde dit "déclaration
d'impôts" - ce qui est inexact : on déclare combien on a gagné, pas combien
on doit payer. Mais voilà, ce bon vieux mot d'"impôt" est plus courant ; on
est familier de cette corvée, on la traite comme un vieux camarade
insupportable et tyrannique auquel on a fini par s'attacher.
De toute façon, on le traite mal ce mot, en particulier rapport à son
nombre. On parle toujours de ses "impôts", alors que l'administration du fisc
parle de l'"impôt sur le revenu". Il n'y a pas de raison particulière à cela,
sinon probablement l'idée qu'on peut payer plusieurs impôts différents.
D'ailleurs en plus des "impôts indirects", il est vrai qu'on paye plusieurs
types d'"impôts" (CSG, ISF le cas échéant…).
Mais le vocabulaire fiscal moderne est quand même infiniment moins riche
que le lexique d'ancien régime. Soyons honnêtes, c'est parce que les
systèmes n'étaient pas unifiés. Tout le monde ne payait pas les mêmes
impôts partout, et d'abord tout le monde n'en payait pas. L'exploitation
des pauvres par les puissants était différente de ce qu'elle est
aujourd'hui, et le monde était beaucoup moins fiscalisé.
Les mots d'ailleurs étaient assez jolis. Deux d'entre eux ont donné une
expression figée : "taillable et corvéable à merci". Ce qui prouve bien que
l'assiette de l'"impôt" variait pas mal selon la tête du client et du
seigneur. La "taille" et la "corvée" étaient bien différentes : la "corvée" était
un impôt en nature : on devait du travail au seigneur (labourage de ses
terres, etc.). La "taille" était l'un des principaux impôts à payer en
espèces. Pourquoi la "taille" ? Deux étymologies possibles : ou bien parce
que le receveur faisait une encoche dans une planche de bois pour marquer
chaque fois ce que chacun donnait. Ou bien tout simplement parce que
prélever l'"impôt", c'était tailler dans l'avoir des gens.
On avait aussi la "dîme", autre impôt en nature. L'origine est claire : la
"dîme", c'est le dixième - dixièmes des récoltes en général qu'on donnait
soit à l'Eglise, soit au seigneur.
"Gabelle" est l'un des mots les plus connus. C'était un impôt indirect, payé
sur un certain nombre de denrées : draps, vin, sel… C'est ce dernier qui
l'a emporté, c'est sur ce commerce (important : au Moyen-âge, le sel était
le principal conservateur et le saloir, il fallait le remplir) que le mot
"gabelle" s'est cristallisé. Et le "gabelou", était d'abord un commis de
l'octroi, et finalement un douanier.