POISSON D'AVRIL
Par: (pas credité)
1) L'expression a initialement le sens (XVème siècle) d'"entremetteur", "intermédiaire", jeune garçon chargé de porter les lettres d'amour de son maître, le printemps étant la saison de prédilection des amours. Ensuite, le mot a servi à désigner, dans le même ordre d'idées, un "souteneur", en référence au mot "maquereau", le mois d'avril étant, anciennement, le mois de pêche de ce poisson.
Aujourd'hui, seul subsiste l'idée de "farce", de "plaisanterie" qui est sans doute liée à la coutume de faire de faux cadeaux au 1er avril -date qui, anciennement, marquait le début de l'année- avant que le 1er janvier ne prenne le relais. La coutume du poisson d'avril semble remonter à la fin du XVIIème.
L'expression a été abrégée en "poisson" employé seul : "c'est un poisson" = "c'est une blague", peut-être favorisée par le caractère fuyant, insaisissable de l'animal.
2) "Farce" : le mot, au sens de "plaisanterie" est attesté à l'époque médiévale. Il vient du vocabulaire culinaire : la "farce" est, comme aujourd'hui, ce qui sert à "farcir" une viande ou une volaille. Dès le Moyen Age, on trouve le verbe "farcer", dans le sens de "se moquer". Le mot connaît son emploi le plus connu avec la farce de Maître Pathelin, ou le sens de mauvais tour, blague est nettement illustré. A cette époque, les intermèdes "farcis" sont de petites scènes comiques. La "farce" devient un genre populaire que Molière illustre encore au XVIIème.
Le sens est certainement à rapprocher de "faire avaler", "gober" quelque chose à quelqu'un = "bourrer", "remplir".
Au XIXème siècle, on l'utilise comme adjectif : "c'est farce" = c'est drôle, on s'amuse. Voir Courteline ou Labiche.
Le mot "farces", au pluriel, s'emploie aussi dans l'expression "farces et attrapes" qui a servi longtemps à donner leur enseigne à des magasins spécialisés dans la vente d'objets destinés à tromper ou surprendre leurs utilisateurs, à l'occasion de fêtes comme le carnaval : il s'agit ici de pièges, de tromperies.
3) "Blague" : le sens de "plaisanterie" est figuré ; il fait référence à la "blague", au sens propre "enveloppe", "sac gonflé" (cf. une blague à tabac). L'idée est ici d'exprimer la vantardise et le mensonge par la boursouflure : la blague c'est du "vent" (ou du "bidon"). L'idée de "gonflement" est liée à celle d'apparence illusoire : artificialité du "gonflement".
D'où des expressions du type : "blague à part" = redevenons sérieux ou "sans blague" employé souvent ironiquement par antiphrase : = "je ne te crois pas, c'est invraisemblable".