FRAPPE
Par: (pas credité)
C'est le mot employé pour désigner les actions de l'OTAN au Kosovo. Il désigne donc le type d'interventions qui se veulent ponctuelles, préméditées, soigneusement ciblées. C'était déjà le terme employé pour la guerre d'Irak en 1991. On retrouve l'idée d'une force multinationale, relativement anonyme, qui se targue de frapper où elle veut, quand elle veut, qui elle veut. Souvent, on précise le mode d'action : frappes aériennes, et on en rajoute sur la précision : frappes chirurgicales, ce qui fait allusion à des objectifs très précis, et voudrait faire penser qu'on n'attaque pas le pays, qu'on ne touche pas les populations civiles, mais qu'on vise des équipements, des bases, comme avec un scalpel.
Le mot évoque aisément la force d'un coup (monosyllabe qui claque), mais on ne sait trop rien de son étymologie.
En tout cas, cette utilisation d'un déverbal dérivé du premier groupe appartient à une série, souvent familière, voire populaire : la glisse, la bouffe…
Mais le mot "frappe" n'est pas né de la dernière pluie : il a déjà un passé belliqueux, lié aux technologies militaires de pointe. Cf. "la force de frappe gaullienne" (1959).
Le mot s'utilise aussi volontiers dans le domaine sportif : "frappe de balle" (boxe, tennis, football), toujours pour faire allusion à un impact puissant et violent.
Le déverbal s'utilise aussi dans d'autres domaines où il a pu se spécialiser : la dactylographie par exemple (envoyer à la frappe, fautes de frappe…).
A noter aussi le sens argotique du mot : "une petite frappe", très méprisant, pour désigner un jeune homme sans grande importance, mais sans scrupule et malfaisant : un voyou.
On peut finir, sur le participe "frappé", qui signifie un peu fou, un peu spécial, sur le même modèle que" tapé", "cogné", comme si un grand coup avait dérangé l'équilibre mental de l'individu visé.