RESSUSCITER - RESURRECTION
Par: (pas credité)
Pâques : il est de bon ton de parler de "Celui qui a ressuscité", et de sa résurrection, puisque cette fête célèbre, chez les Chrétiens, le retour de Jésus à la vie.
Notons d'abord une particularité de conjugaison pour ce verbe qui peut utiliser l'auxiliaire être ou l'auxiliaire avoir : "il a ressuscité" ou "il est ressuscité". Lorsqu'on parle du Christ, dans les textes religieux, dans la plupart des traductions des Evangiles, on utilise "être" : "le Christ est ressuscité". Cette tournure évoque donc un style plus noble que l'autre. Mais elle évoque aussi le sens littéral : pour employer "être", il faut bien qu'on revienne de chez les morts, et qu'il y ait un miracle. Au sens figuré, si l'on ressuscite après une grave maladie, une dépression ou un chagrin d'amour, on préférera le plus modeste auxiliaire "avoir" : "quand on m'a enlevé le plâtre, j'ai ressuscité" ; "quand j'ai retrouvé Marguerite, j'ai ressuscité". Ce sens figuré fait de "ressusciter" le synonyme de "revivre" ("depuis qu'il a retrouvé du travail, il revit").
Attention, "ressusciter" peut aussi avoir un emploi transitif, en général littéral, et nous retournons aux Evangiles : "Jésus a ressuscité Lazare", ou parfois figuré : "ce petit repas m'a ressuscité" ; "on a ressuscité cette vieille coutume" ; "pour le tournage de ce film, on a ressuscité le Paris d'avant-guerre".
"Résurrection" est le nom commun qui correspond au verbe ressusciter, mais bizarrement, alors qu'ils se ressemblent, ils ne sont pas de la même famille (et "ressuscitation", bien qu'inusité, existe). Etymologiquement, c'est le fait de se lever de sa chaise. On comprend comment ça a fini par signifier "se lever du tombeau". Là encore, la référence est le Christ : "la Résurrection" (titre du tableau, etc.). On a aussi une utilisation figurée du mot, mais moins fréquente que pour "ressusciter" : "le passage du train dans cette petite ville a été à l'origine de sa résurrection" ; "résurrection économique de telle région"…
On a aussi "résurgence", réapparition plus ou moins sporadique de quelque chose qu'on croyait totalement disparu. Le mot a souvent des échos négatifs, à propos d'idéologies, d'opinions, de comportements : "résurgence" de nationalisme, de l'antisémitisme… Le premier sens était concret : réapparition d'un cours d'eau à l'air libre, après une section souterraine.
Terminons avec un mot dont l'étymologie est toute différente, le Phénix ("mon amour a la semblance du beau Phénix"). Ce mythe ancien, lié à l'idée de résurrection et d'immortalité prend la forme d'un oiseau aux ailes de pourpre et d'or ; les Phéniciens passaient pour avoir inventé la pourpre, d'où son nom. Le Phénix vivait plusieurs siècles avant de se brûler lui-même sur un bûcher, puis de renaître de ses cendres.