INFANTERIE
Par: (pas credité)
Au fur et à mesure que le conflit se poursuit au Kosovo, les problèmes se spécifient.
Et en ce moment, on parle beaucoup d'"infanterie" : ira ? ira pas ? Saisissons-nous du
problème pour bien comprendre ce qu'est l'"infanterie". En gros, c'est l'une des trois
parties principales des troupes armées modernes, qui se différencie de la marine et de
l'aviation. Mais ce mot d'"infanterie" est un peu vieux, presque un peu lourd. Dans
l'armée française, par exemple, on préfère parler aujourd'hui d'armée de terre, opposée
à l'armée de mer et à l'armée de l'air.
Et d'autre part, ce mot d'"infanterie" déborde parfois la seule armée de terre,
puisqu'on parle (ou qu'on a parlé), d'"infanterie" de marine, d'"infanterie" aéroportée,
etc.
Mais l'"infanterie", c'est quand même la base de toutes les armées : c'est ceux qui
marchent à pied. Jadis, ce n'était pas tellement à la marine qu'elle s'opposait (trop
lointaine), mais à la cavalerie. On a beau savoir qu'au départ elle était formée de ceux
qui n'étaient pas en âge de combattre à cheval, on sent déjà la hiérarchie qui
s'installe, et les cavaliers fringants toiser l'"infanterie" qui piétine et meurt dans la
boue.
Le mot pourtant n'a pas de rapport étymologique avec la marche à pied. On l'a importé
de l'italien infanteria, mais de toutes façons, l'image était née parallèlement dans les
deux langues : le soldat est un enfant. Et comme étymologiquement, un enfant ça ne
parle pas (infans), ça va bien dans la grande Muette. Bigeard en témoignait aussi de
cette enfance, avec ses p'tits gars ; et avant lui, par exemple, jusqu'au XVIIème, on
parlait d'un enfant perdu, pour désigner un soldat, envoyé en avant-poste, dans une
situation désespérée. On n'a qu'à penser d'ailleurs à la Marseillaise (Allons enfants de
la Patrie) pour comprendre comment toute pensée d'une entité globale
forte représentée sous la forme d'un grand corps (armée, patrie, nation, etc.) génère un
terme lié à l'enfance pour désigner les éléments qui la composent (irresponsabilité,
anonymat, etc.). Et à l'inverse, si la notion globalisante est moins allégorique, plus liée
à une idée, à un concept, on a des chances que les éléments soient considérés
davantage comme des individualités responsables : les enfants de
la Patrie/les citoyens de la République ; mais tout ça nous entraîne bien loin.
En tout cas, linguistiquement, l'"infanterie" n'est pas constituée d'enfants mais de
fantassins, même si, au XVème siècle, on avait pu parler d'enfants à pied, ou d'enfants
de pied.