STOP, HALTE

Par: (pas credité)


L'opération "Stop la violence" prend de l'ampleur. Autour de ce slogan, tout un collectif se met en place dans les banlieues, pour tenter de se faire passer ce message d'urgence. Mais que penser de cette phrase elle-même dans sa brusquerie ? Elle est très compréhensible mais évoque une manière d'ellipse, un raccourci. On attendrait peut-être plutôt "Stop à la violence". Il n'empêche que ce côté exclamatif lui donne du punch. Elle a été empruntée au nom que s'était donné un premier ensemble de jeunes gens réunis pour écrire des paroles de rap. Et on sent bien l'influence de ce style, haché et frappant même si, en l'occurrence, cette phrase n'est que la traduction littérale du mot d'ordre "Stop the violence" qui vient d'Amérique.

Le mot, de toute façon, est au départ une injonction, un ordre d'arrêt. Emprunté à l'anglais (qui le tient du néerlandais), il apparaît à l'époque révolutionnaire (1792), et ne se popularise que vers la fin du XIXème siècle, surtout grâce à quelques emplois techniques : la photo (il aurait désigné le diaphragme d'un appareil !) et le télégraphe, puisqu'en tant qu'abréviation du "full stop" anglais, il servait à séparer les phrases. Et, bien sûr, c'est l'automobile qui a aidé à le populariser, avec le signal du code de la route (les Québécois écrivent "arrêt", car "stop" fait encore sonner son anglicité), les "feux stop", la pratique de l'"auto-stop", abrégée familièrement en "stop" dans les années 60 ("faire du stop"). Mais le verbe "stopper" avait commencé sa carrière au milieu du XIXème siècle et là encore dans des emplois techniques, liés en général à la marine.

"Halte" est tout aussi marqué par son origine germanique que "stop" par son ascendance anglaise. Là aussi, on sent l'injonction et l'ordre mais avec un côté plus militaire ? Ça sert davantage à stopper une colonne en marche.

Le verbe "halter" n'existe pas mais, par contre, "faire halte" est une expression courante, pas familière, et assez ancienne. La "halte", ici, n'a plus rien de militaire malgré l'origine de l'expression et la "halte" peut être plaisante passant du bivouac à la détente, court moment de repos pour refaire ses forces, buvant du cidre à chaque village.

Quant à l'expression "halte-là !", elle est visiblement ancienne également, et même vieillie. Elle ne saurait, telle quelle, faire pièce à "Stop la violence".