ECOSSE
Par: (pas credité)
On va élire un Parlement écossais (enfin les Ecossais, parce que nous…).Depuis trois cents ans qu'on l'attendait. Bon ! Ça sera, paraît-il, opérationnel en l'an 2000. En attendant, on peut toujours parler de l'Ecosse et de l'héritage linguistique qu'elle nous a légué, assez mince d'ailleurs.
Commençons par son nom. "Ecosse", ancien et sibyllin, qui viendrait peut-être d'une vieille racine galloise signifiant "cicatrice", pour ce que les anciens Ecossais usaient de scarifications rituelles. Aujourd'hui, c'est de l'histoire ancienne, et les Ecossais sont ceux qui vivent en Ecosse.
Mais l'adjectif est bien vivant, avec des sens particuliers, et des réputations changeantes : une "hospitalité écossaise" a, par exemple, signifié une hospitalité large et désintéressée, alors que les Ecossais sont ensuite passés pour pingres.
Mais "écossais" renvoie surtout à un certain dessin, notamment de tissu : des bandes colorées se croisent, délimitant ainsi des carreaux de nuances différentes. D'où vient que ce dessin soit qualifié d'écossais ? C'est que les "kilts" étaient ainsi tramés. Et qu'est-ce donc que les "kilts" ? Les longues jupes traditionnelles dont se vêtaient les hommes ("kilt" = plissé). Le mot viendrait du scandinave et il a été adopté par le lexique de la mode française pour désigner une jupe de femme confectionnée à la mode écossaise. Si l'on veut paraître savant, on peut parler de "tartan", un mot dont l'origine est incertaine, mais bizarrement semble emprunté au français, peut-être étoffe de Tartarie.
L'adjectif "écossais" se retrouve dans la "douche écossaise", alternativement très chaude et très froide, et qui métaphoriquement désigne un comportement très contrasté qu'on peut avoir à votre égard : un coup très chaleureux, un coup glacial. La "douche écossaise" est au départ une hydrothérapie que, semble-t-il, on pratiquait en Ecosse. Ça ressemble, en effet, à certaines pratiques du nord de l'Europe, genre sauna.
La locution ne vient donc sans doute pas d'une analogie avec le tissu et son dessin contrasté. Le mot "écossais" dans sa graphie et sa prononciation anglaises a également eu un destin en France.
L'"écossaise" est une danse ou un rythme musical, mais on parle souvent aussi de "scottish". L'anglais abrège souvent "scottish" en "scotch", et c'est le mot qu'on emploie couramment pour désigner un whisky irlandais, (qu'on oppose alors à un whisky irlandais, canadien ou américain).
Mais étonnamment, "scotch" est devenu le nom d'une marque déposée de ruban adhésif (l'emblème de la marque est un motif écossais). On disait jadis du papier collant jusqu'à ce que le mot "scotch" s'impose avec une telle force d'ailleurs qu'il a généré des dérivés : "scotcher" = d'abord fixer à l'aide de ruban adhésif, puis au sens figuré, être collant, s'imposer ("il me scotche, celui-là"). L'usage d'ailleurs se diversifie : "avec la grève d'Air France, les avion sont restés scotchés au sol".
Jusqu'à ce dernier sens qui n'est peut-être qu'une passade linguistique dans un certain jargon jeune : "il est resté scotché au plafond" ( = "il a plané si haut qu'il n'est jamais totalement redescendu"). L'expression s'emploie à propos de quelqu'un qui a eu une forte expérience de drogue, dont il a gardé les séquelles.