RISQUE
Par: (pas credité)
En ces périodes de guerre, le mot risque s'entend plus souvent encore qu'à l'accoutumée. La notion de risque est en effet liée à celle de danger, en tout cas de danger éventuel : risques d'embrasement de tous les Balkans, risques de dommages collatéraux et autres charmants euphémismes.
Le verbe risquer signifie prendre un risque et il a plusieurs constructions possibles : il indique la conséquence possible et négative. On risque de faire couler le bateau ; id avec un COD : on risque l'incident. Mais il peut aussi indiquer ce qu'on met en jeu : risquer sa vie, le tout pour le tout, le paquet. Qui ne risque rien, n'a rien.
Sens plus abstrait : risquer un geste, une allusion, une question indiscrète = hasarder, se permettre, oser (malgré le risque que ça comporte ).
De là, le pronominal se risquer = tenter quelque chose sans être trop sûr du résultat. Se risquer près des récifs ; je me suis risqué à l'inviter à danser. Allez, je me risque !
Revenons maintenant à la première construction mentionnée : risquer indique une conséquence possible et négative : je risque de tout perdre en voulant trop gagner ; une tendance actuelle consiste à prendre cette tournure au rebours de son sens, c'est-à-dire indiquer une conséquence possible mais positive et souhaitée. Si elle continue à être aussi en forme, l'équipe d'Auxerre risque de gagner contre Sochaux. Ca se lève… Si ça continue, il risque de faire beau pour notre pique-nique.
Ce genre d'emploi se multiplie et fait hurler les défenseurs un peu trop scrupuleux de la langue française. Cet emploi optimiste de risquer a d'abord été ironique. Mais il est de plus en plus usité sans qu'on y prenne garde. Attention, l'usage délibéré de risquer suivi d'un verbe positif peut être irréprochable : si vous dîtes par exemple Furaxio risque de gagner le Prix de l'arc de Triomphe, deux possibilités :
- Ou bien vous avez misé 10 000 F à 14 contre 1 sur Furaxio et vous parlez français comme un gougnafier.
- Ou bien vous avez misé votre chemise sur Haut les mains III, et vous possédez admirablement la langue de Voltaire.
Mais attention de nouveau : il est vrai que le sens du verbe risquer s'est affaibli. Sans signifier avoir une bonne chance de… Il peut avoir un sens tout à fait neutre : la police a interrogé tous les clients du bar qui risquaient d'avoir vu quelque chose.
L'étymologie en est brumeuse : on a pensé que le rischio italien pouvait venir du bas latin resecum écueil, récif et que le risque était au départ lié à cette idée du péril de la mer. Mais rétorque Pierre Guiraud, il n'y a pas le commencement d'une preuve à ce roman nautique. Et de rapprocher le mot rixicare : se quereller.