URGENCE(S)

Par: (pas credité)


Encore une réflexion qui dérive plus ou moins de la guerre : on se pose mille questions sur l'information qu'on doit donner, la façon de la donner : l'information est malade de l'urgence a-t-on pu lire. Et d'autre part, ce mot d'urgence est employé constamment devant une situation qui demande des décisions rapides, et des réactions immédiates.

En fait, le mot urgence est d'abord abstrait et il tend, dans ses emplois contemporains à recouvrir un sens de plus en plus concret. Il y a une fuite dans la cuisine ; il faut la réparer d'urgence. Double idée : il faut faire vite, et c'est important - sinon, on court à la catastrophe. L'expression d'urgence est donc très courante, avec d'autres expressions toutes faites : d'extrême urgence, de toute urgence - locutions adverbiales qui coexistent bien sûr avec l'adjectif urgent.

Mais l'urgence finit, par métonymie par désigner la situation elle-même, en ce qu'elle est grave, et qu'elle demande un traitement rapide : ma chérie, si je rentre tard du bureau, c'est que j'ai eu une urgence (= un problème à régler urgemment. L'adverbe existe, mais il est relativement rare).

Le mot a fleuri dans le vocabulaire médical : une urgence est un cas qu'il est urgent de traiter, dans les hôpitaux, on a des services d'urgences (aller aux urgences). Et le SAMU est le Service d'Aide Médicale d'Urgence.

Le mot prospère tout autant dans le langage politique où urgence tend à concurrencer le mot priorité pour désigner des situations inacceptables auxquelles il faut remédier sur-le-champ. C'est ainsi d'ailleurs qu'a été nommée " urgences " une éphémère station de radio du service public en France, qui s'efforçait d'apporter une aide aux plus grandes détresses (vague de froid…). Le verbe urger n'est pas vraiment usité, sauf dans l'expression ça urge, familière et plaisante (en général, ça veut dire qu'on a envie de pisser ). Ca urge est l'équivalent de ça presse, mais pressant donne l'idée d'une langue classique, quand urgent fait plutôt moderne.