PSEUDONYME ET CO

Par: (pas credité)


Point fort du festival de Coutances : le concert unique donné par le batteur Max Roach et le pianiste Abdullah Ibrahim.
Max, c'est son vrai nom (quand on s'appelle "Cafard", c'est rarement par coquetterie).
Mais Abdullah Ibrahim, c'est le roi du "pseudo".
Déjà, jusqu'à la fin des années 70, il s'était fait connaître sous le nom de Dollar Brand - ce qui n'était pas son nom d'état civil. Mais, converti à l'Islam, il change de pseudonyme pour se faire appeler Abdullah Ibrahim.

Un "pseudonyme", c'est donc un nom d'emprunt, qu'on adopte en général pour une activité précise qu'on souhaite développer sous une identité particulière. C'est parfois une tradition, dans le domaine des arts de la scène en particulier (Molière dont le nom d'origine était Poquelin). Et souvent cette tradition rejoint une préférence commerciale : Johnny Halliday se vend mieux que Jean-Philippe Smet. Ou simplement c'est pour n'être pas reconnu, ou parce qu'on a une obligation de réserve, ou même qu'on veut se faire connaître dans deux domaines proches mais différents : (Jacques Laurent et Cecil Saint-Laurent ; Cyrus Bassiak et Rezvani ; Romain Gary et Emile Ajar : goût de la mystification).

Ce mot de "pseudonyme" se comprend facilement, formé sur deux racines grecques : "onama", c'est le nom et "pseudo" veut dire faux.
Ce préfixe "pseudo" s'utilise d'ailleurs de façon plus ou moins libre dans des emplois plutôt péjoratifs. Il évoque en général une volonté de se faire passer pour ce qu'on n'est pas ou pas vraiment : un "pseudo spécialiste" en communication, un "pseudo chercheur" …
Il existe également quelques autres noms qui se terminent par le suffixe "onyme" : "anonyme", bien sûr, qui à l'aide de son préfixe privatif indique non pas celui qui n'a pas de nom, mais celui qui n'a pas de nom connu, dont on ne connaît pas le nom : "un correspondant anonyme", "une lettre anonyme".
Ce suffixe sert aussi pas mal dans le vocabulaire linguistique, avec deux mots qu'on a parfois tendance à confondre : "synonyme" et "homonyme" ; deux synonymes sont deux mots qui ont presque le même sens (soulier, chaussure), même si l'on sait que les synonymes parfaits n'existent pas. Et les "homonymes" sont des mots tout différents mais dont la prononciation (et parfois l'orthographe) est la même (mer, mère). Quant aux "antonymes", ce sont les mots de sens contraires : fort, faible.
Aurons-nous le temps d'évoquer un mot plus rare et plus savant, "éponyme" = qui donne son nom, comme la déesse Athéna est éponyme de la ville d'Athènes. Cela nous amènerait à parler des "archontes éponymes"… Et pourquoi pas ?