VESTE ET DECULOTTEE
Par: (pas credité)
Netanyahou battu aux élections. C'est un échec, une défaite, mais une défaite sévère, cuisante - quelques adjectifs traditionnels pour qualifier un insuccès lourd et qui risque d'être humiliant.
Pourquoi cuisant ? Parce qu'elle laisse la brûlure de la honte (l'image de la cuisson est fréquente pour évoquer une brûlure qui dure). Et cet aspect fait penser bien entendu à la "claque". Le mot, bien sûr, est une onomatopée, sèche et rapide. La "claque", au départ, c'est la "gifle", d'ailleurs ce mot est parfois utilisé dans le même sens de défaite électorale. Mais "gifle" et "claque" ont une valeur spéciale : c'est typiquement le geste qui humilie et qui humilie publiquement. D'autre part, le geste est à sens unique : il ne s'agit nullement d'un combat ou d'un échange : on a celui qui "gifle" et celui qui est "giflé". Et le "giflé" est censé être remis à sa place, replacé en tout cas dans une position enfantine et assez impuissante.
"Prendre une veste" est infiniment plus énigmatique, même si on considère qu'on dit aussi "ramasser" ou "remporter une veste". Il semblerait qu'il s'agisse d'une équivalence plaisante avec la "capote", mais pourquoi remplacer la "capote" par la "veste" ? Mystère. Et "prendre une capote" est, bien sûr, une glose d'"être capot", expression des jeux de cartes qui signifie qu'on a tout perdu, notamment qu'on a été vaincu sans faire un seul pli (et d'où vient la locution ? On n'en sait strictement rien. "Se cacher la tête de honte sous sa cape" a-t-on hasardé…ou un rapprochement avec la racine germanique "kaputt"…). Bref, l'image est passée des cartes à la vie, de la vie à la politique et de la "capote" à la "veste".
Est-ce par ce biais qu'on réussira à expliquer la "déculottée", autre image cinglante du scrutin qui tue ? L'esprit populaire s'explique mal par la logique mais on peut quand même remarquer que cette "déculottée" condense les deux figures qu'on vient de voir ? La "déculottée" ne peut qu'évoquer l'apocope de la "fessée déculottée", variante de la punition enfantine, plus sadique, plus anale, plus mise en scène que la "claque". Et en même temps, cette "déculottée" qui évoque la "culotte", est un déplacement vers le bas de la "veste". Même sans qu'on frappe, la "déculottée" met les fesses à l'air, ce qui a toujours été synonyme de l'humiliation passive : on est livré à la risée du public.
Quant à la "branlée", vous en ferez ce que vous voudrez.