BOUCLIER

Par: (pas credité)


Le "bouclier humain" fait-il partie des tactiques mises en place par Milosevic ? Cette expression qu'on a déjà entendue pendant la guerre d'Irak renvoie à un dispositif de défense : placer autour des cibles stratégiques des civils, étrangers au conflit, ou en tout cas à la nation ou à un groupe attaqué. Le dispositif se veut dissuasif, susceptible d'éviter l'attaque ou le bombardement.

On comprend le sens de l'expression : il s'agit d'un bouclier, parce qu'il protège la cible en la rendant intouchable. Il ne s'agit pas d'amortir le coup qui serait porté, mais d'interdire ce coup. Cette idée de dissuasion, on la retrouve plus ou moins dans d'autres expressions récentes : "bouclier nucléaire" …

L'image est ancienne puisque, pendant longtemps, la locution "faire un bouclier de son corps" a été utilisée, pour dire protéger à ses risques et périls, avec un dévouement extrême. Elle est hors d'usage aujourd'hui, mais on comprend et utilise encore "faire un rempart de son corps", même si l'image est parfois un peu théâtrale. Le sens est tout différent avec "la levée de boucliers", expression fréquente qui renvoie à une protestation véhémente, collective, presque unanime et un peu institutionnelle (députés, syndicats, personnalités…). L'origine est à chercher dans l'histoire romaine : "lever son bouclier" était le signe qu'on refusait d'obéir à un ordre (cf. avec un autre sens dont la symbolique est plus claire, mettre la crosse en l'air).

Il est un autre "bouclier" qui poursuit sa carrière dans le langage médiatique et diplomatique, c'est l'"égide". Sous l'"égide" de l'OTAN , de l'ONU etc. , c'est-à-dire sous la protection, et d'une certaine façon avec la bénédiction, l'assentiment de l'ONU, etc. Il s'agit donc là d'une opération couverte et mise en route par l'ONU. Et au sens propre, l'"égide" est aussi un "bouclier", celui de Jupiter d'abord, puis de Pallas Athéna, arme défensive redoutable : en effet, Persée, après avoir coupé la tête de la Méduse (hideuse Gorgone), l'avait offerte à Athéna qui l'avait fixée au centre de son bouclier. Et cette tête pétrifiait ceux qui posaient sur elle leur regard.

On finit avec l'"écu", moins mythologique et plus médiéval, et dont la postérité est plus économique que militaire. Ce "bouclier" de chevalier, souvent symbolique de l'identité de son possesseur est devenu souvent une partie importante de son blason. Donc "écu" a fini par signifier "armoiries", et comme l'"écu" du Roi de France était représenté sur certaines pièces de monnaie, l'"écu" est devenu la pièce. De là, de nombreuses expressions, sorties d'usage aujourd'hui (avoir des "écus" moisis, cela ne lui fait pas plus peur qu'un "écu" à un avocat, etc.) Devenu sigle de l'European currency unit, l'"écu" a failli devenir la monnaie européenne. Mais l'euro veillait au grain.