GADGET

Par: (pas credité)


Mot légèrement familier, largement à cause de son aspect américanisé, mais malgré tout bien ancré dans le vocabulaire français. Son sens et son écho ont changé. Aujourd'hui, le sens est assez nettement péjoratif : on traite de " gadget " de fausses solutions à de vrais problèmes : séjours à la campagne pour les jeunes de banlieue, prime aux immatriculations neuves, etc. Ça désigne donc la plupart du temps, une poudre aux yeux cache-misère ou un effet de mode et le mot s'utilise souvent en apposition dépréciative : " réforme gadget ", " loi-gadget ". Dans ce dernier cas, il est à rapprocher de l'idée de " jetable ", représentatif de la culture contemporaine dans ce qu'elle a de plus méprisé.

Le mot a pourtant gardé le sens qu'il a depuis le milieu du siècle : une petite invention ou un petit accessoire ou un petit dispositif particulièrement ingénieux et amusant, superflu, voire inutile mais pittoresque.

La plus ancienne occurrence retrouvée du mot, en français, le place sous la plume de Sartre en 1944, mais c'est au milieu des années 60 qu'il se répand réellement - et cela coïncide exactement avec la vogue du personnage de James Bond au cinéma qui a vraiment lancé le mot et les choses qu'il représente : briquet-laser, siège de voiture éjectable, montre à brouillard ont enchanté une génération. Et c'est à partir de là qu'on s'est mis à appeler " gadgets " les objets décoratifs inutiles dont on raffolait (flacons à liquides colorés qui font des bulles quand on les chauffe dans les paumes, billes anti-stress, etc.).

En anglais, le mot, familier là aussi, apparaît vers 1850 avec un sens voisin de celui qu'il aura en français : petit outil, accessoire. Il semble avéré que son origine première soit française. Mais quelle est-elle exactement ? Il relie le mot soit au dialectal " gagée ", soit au mot " gâchette " - sans être trop sûr de lui. Mais il ne dit pas mot de la firme Gaget Gauthier et Cie.

C'est pourtant cette entreprise qui construisit la statue de la Liberté, inaugurée en 1886 et édifiée sur les plans du sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi. Gaget eut, paraît-il, l'idée d'en fabriquer en grande série des reproductions miniatures qu'il vendit à profusion au moment de l'inauguration - statues souvenirs et inutiles qu'on appela, dit-on, des " gadgets ".