DIPLOMATIE
Par: (pas credité)
La "diplomatie", on en parle beaucoup en ce moment, à propos du Kosovo : il faut dit-on que le conflit soit réglé de façon "diplomatique". Le "diplomatique" s'oppose donc dans ce cas au militaire et fait, bien sûr, référence à toutes les négociations possibles entre états belligérants, organisations internationales, médiateurs, messieurs bons offices, etc. Tout est donc affaire d'ambassades et d'entrevues souvent discrètes pour doubler les rencontres officielles.
Quand le mot est né, il avait à peu près le sens actuel. Mais, on peut noter que c'est l'exemple même du mot savant, créé de toutes pièces par des érudits. Rien de populaire donc dans cette naissance. Jean Mabillon semble l'avoir inventé vers 1680 alors que cet abbé penseur rédige le "De re diplomatica". "La chose diplomatique" était née - en latin comme on le voit, mais en latin de clercs, en plein XVIIème siècle. Comment avoir construit ce mot-là ? Remontons à la source ; elle est assez lointaine.
La première syllabe est bien celle qui évoque deux ou toute idée de dualité, (en grec et latin). Le mot en grec désigne ce qui est plié en deux. Cette racine nous a donné deux familles distinctes en français, celle des diplodocus et celle des "diplomates", reliés donc par une lointaine parenté. Qu'est-ce qui était plié en deux ? Notamment les tablettes ou documents officiels. Le mot grec suivi du "diplôma" latin désigne donc toutes sortes de brevets, de pièces officielles, de sauf-conduits. Et dans leur sillage, le diplôme français sera un décret ou une charte. C'est tout ce papier timbré qui, bien sûr, sert à entériner les relations entre souverains ou entre états, avant que les diplômes ne se spécialisent dans les degrés universitaires.
Nous sommes donc revenus chez Mabillon, dont le latinisme sera bientôt traduit, mais d'abord par le mot "diplomatique". On a parlé de la "diplomatique", comme de la numismatique ou de la gymnastique, avant de former le nom "diplomatie". Quant au mot "diplomate", il a eu un sens figuré, peu avant d'avoir un sens propre : celui qui était habile à dénouer des relations difficiles était tenu pour "diplomate". A côté de son sens littéral (chargé d'une mission officielle auprès d'une puissance étrangère, puis membre du personnel d'une ambassade), le mot a pris la couleur qu'il a conservée aujourd'hui : est "diplomate" celui qui sait calmer le jeu, éviter les affrontements, modérer les colères, et faire accepter un inacceptable qu'il aura dilué de circonlocutions. C'est aussi celui qui n'annonce pas les choses crûment mais sait trouver les détours, les biais, les adoucissements : c'est souvent le roi de l'euphémisme.
Et l'adjectif "diplomatique" a parfois des sens particuliers :
"L'immunité diplomatique" est celle dont jouissent les personnels "diplomatiques" qui dépendent de la justice de leur pays et échappent, dans un premier temps tout au moins à celle du pays où ils résident.
La "valise diplomatique", celle que dans les milieux d'ambassade, on appelle simplement la "valise", c'est la relation postale entre une ambassade et un pays d'origine qui n'est pas soumise aux contrôles douaniers ou frontaliers.
Quant à la "maladie diplomatique", c'est une maladie prétendue, une excuse donnée pour ne pas être présent où on était attendu.