PIED-DE-NEZ
Par: (pas credité)
Qui entre au Kosovo ? Par où ? Dans quel ordre ? Préséances et rivalités navrantes. La politique passe aussi par là. La primeur des Russes a en tout cas donné lieu à quelques commentaires : "pied-de-nez" aux Occidentaux, nique faite à l'OTAN. Moqueries et dépits puériles. Mais d'où viennent ces expressions ?
"Pied-de-nez" a une origine assez compliquée. Au sens propre, il s'agit, en signe de moquerie de placer sa main écartée contre son nez, pouce tendu, touchant le nez et doigts écartés. Et on remue les quatre doigts libres, comme si c'était des orteils, en prononçant parfois une formule obscure, du genre tralalalalère. On pourrait donc penser qu'on simule un pied accroché à un nez. Eh bien, il n'en est rien. A l'origine, ce pied représente l'ancienne mesure de longueur. Un "pied de nez" est donc un nez d'un pied de long - l'allongement du nez étant traditionnellement le signe de la honte.
"Faire un pied de nez" à quelqu'un c'est donc lui faire à lui un nez long d'un pied. Et le mimer - avec sa main - c'est contrefaire la physionomie qu'on croit imiter chez l'autre.
Mais ces explications laborieuses ne doivent pas cacher la psychologie très archaïque de ces gestes, qui sont multiples.
"Tirer la langue" par exemple. L'inversion est exactement la même : c'est au départ celui qui est dans le besoin, dans la gêne, qui tire la langue. Et on retrouve même la longueur : "tirer une langue d'un pied de long". Et puis c'est celui qui contrefait méchamment la victime qui finit par tirer la langue à sa place, imitant la mimique de dépit qu'il est si content d'imaginer chez l'autre.
Un mot pour finir du pouce qui gratte le menton, le tout assorti de comptines énigmatiques : niac, niac, niac; bisque, bisque, rage, etc.
La déformation du visage -et spécialement le nez- semble d'ailleurs récurrente dans l'expression de ces mimiques injurieuses. Ainsi, le verbe "narguer", qui appartient aujourd'hui à une langue soutenue, et n'évoque en apparence aucun geste précis, dérive vraisemblablement d'un latin tardif narus, la narine, qui a donné en latin médiéval naricare, "avoir la goutte au nez". Là encore, il s'agit d'imaginer chez son adversaire un nez protubérant, voyant ou ridicule qui est à l'image de sa honte.