CEREALES
Par: (pas credité)
"Au petit déjeuner, un grand bol de "corn flakes", et je suis en forme pour toute la journée !"
"Corn flakes" : "odieux" anglicisme rentré dans la langue française, tout comme la rentrée dans l'alimentation des Français qui ont troqué au petit déjeuner la traditionnelle tartine de pain beurrée pour ce qu'on traduit joliment en français par des "pétales maïs".
Car les "corn flakes" sont en effet à base de maïs, c'est-à-dire de "céréales". Les "céréales" sont redevenues à la mode dans l'alimentation de l'homme moderne et si on les consomme sous forme de "pétales" ou sous des formes les plus improbables, ("céréales" pour enfants), elles sont extrêmement anciennes et ont longtemps constitué la base de l'alimentation humaine.
Le mot "céréale" lui-même vient de loin. En ancien français, c'est sous la forme d'un adjectif qu'il apparaît et il désigne tout ce qui est relatif au blé. Il vient du nom propre Cérès qui était le nom latin de la déesse des moissons. Il ne prend son sens moderne qu'au XVIIIème siècle. Il a donné à son tour l'adjectif "céréalier" qui renvoie à la culture des "céréales".
Les "céréales" sont, pour la plupart, des plantes dont les grains peuvent servir à l'alimentation des hommes et des animaux domestiques. Parmi les plus connues le blé, cultivé en France à date très ancienne. Mot dont l'étymologie reste obscure. (Rien à voir avec "produit d'un champ"). En ancien français, "blé" désignait non seulement le "blé" mais aussi "champ de blé". On entend d'ailleurs encore ce sens dans le mot "déblayer", qui, à l'origine, signifiait "enlever le blé du champ" et d'où sont dérivés les substantifs "délayement" et "déblai", sur lesquels on a forgé parallèlement "remblayer" et "remblai".
Le mot latin qui désignait le blé, "fromentum" n'a pas été totalement évincé par le mot germanique, blé, il a donné "froment". Il est difficile de définir nettement les rapports entre le blé et le froment. Ce dernier apparaît comme un synonyme littéraire de blé, mais désigne aussi une meilleur qualité de blé (farine de froment).
La plupart des autres noms de "céréales" consommées en France viennent du latin. Le "seigle", par exemple, que l'on trouve dès le XIIIème siècle et qui redevient à la mode avec le pain de seigle issu du latin "secale", littéralement "ce qu'on coupe". Très répandus aussi, l'orge et l'avoine, le mil.
Mais bien des "céréales" sont d'origine exotique, et leur nom garde cette empreinte exotique. Le "sarrasin" par exemple : il fait son apparition au XVe siècle, et son nom n'est autre que le nom du peuple. Le mot latin "Sarraceni" (d'où est issu "Sarrasin") désigna d'abord un peuple de l'Arabie ; puis il a été étendu au haut Moyen Age, à tous les peuples de l'Orient de religion musulmane. Le nom a été donné à la "céréale", peut-être à cause de son origine orientale, peut-être à cause de la couleur foncée de son grain, qui lui valu aussi le nom de "blé noir".
Le "maïs", lui, a été importé d'Amérique au début du XVIe siècle. Il porte le nom que lui ont donné les Espagnols, emprunté par ceux-ci à la langue d'un peuple indigène de l'île d'Haïti. Cette dénomination propagée sans doute par les agronomes, a évincé les noms populaires de "blé de Turquie", "blé d'Espagne".
Le "riz" est mentionné depuis le XIVe siècle sous la forme "ris". C'est un emprunt à l'italien "riso", issu du latin "oryza" lui-même emprunt d'un mot grec d'origine orientale. Le "Z" qui termine le mot français sert surtout à distinguer "riz" des divers mots "ris", parmi lesquels le "ris de veau".
Aujourd'hui, les "céréales" sont à la mode : "pain 7 céréales", "pain complet", "barre céréales", etc. Le mot s'emploie sans plus de précision pour désigner les mélanges de "céréales" que l'on mange, par exemple, au petit déjeuner : flocons d'avoine, pétales de maïs, müesli…