PATATE
Par: (pas credité)
Le mot est familier alors que rien ne l'y prédisposait. Il vient de la langue arawak, celle qu'on parlait jadis aux Antilles, avant que les Antilles ne s'appelassent les Antilles.
Il désigne aujourd'hui un gros tubercule assez sucré, mais en Europe où cet aliment est rare et exotique, on précise "patate douce".
Et on a besoin de préciser, car sans ça on assimile la "patate" à la "pomme de terre". Et cette "patate"-là a pris un autre chemin étymologique : elle n'a pas transité par l'espagnol, mais par l'anglais et c'est au départ un anglicisme plaisant, sur le modèle "potato" qui désigne familièrement la pomme de terre.
En tous cas, la "patate" a rencontré de nombreux emplois familiers et expressifs : sa forme d'abord nous fait dire d'un gros nez que c'est un nez en "patate" (ce n'est jamais très agréable pour le titulaire) mais enfin, on s'habitue à tout.
Comme une "patate" veut dire très mal ("je nage la brasse papillon comme une patate"), anciennement, une "patate" a signifié une bévue, un incident, un contretemps - un peu comme aujourd'hui un "lézard" en argot.
Et bien sûr, "en avoir gros sur la patate", c'est en avoir gros sur le cœur : beaucoup de reproches seraient à faire, "j'ai souffert en silence mais maintenant, j'en ai gros sur la patate".
La "pomme de terre", elle, n'est pas familière ; et pourtant, elle n'est pas très distinguée non plus (la référence à la terre peut-être - ça fait toujours bouseux). Et donc dans les restaurants où on se pousse du col, on parlera de "boudin aux deux pommes", de "pommes dauphines" ou de "pommes allumettes".