TROMPE L'ŒIL
Par: (pas credité)
"Trompe l'œil" : peinture en trompe l'œil visant à créer par des artifices de perspective l'illusion d'objets réels en relief : fausses fenêtres, fausses portes, faux paysages. Le trompe l'œil, c'est l'art du "faux-semblant", c'est-à-dire des illusions trompeuses.
Notons qu'on peut utiliser l'expression au sens figuré pour suggérer le caractère factice et trompeur de quelque chose ou de quelqu'un :
* telle ou telle mesure sociale en faveur de l'emploi des jeunes, entend-on dire parfois, c'est du "trompe l'œil", c'est-à-dire une jolie façade derrière laquelle il n'y a rien.
* à propos d'une personne : sa gentillesse, son affabilité, c'est du "trompe l'œil" : un masque élégant qui camoufle une malveillance foncière.
Le "trompe l'œil", comme le verbe l'indique, a pour vocation de tromper, de duper le regard -mais plus largement- le jugement par des artifices de tous ordres. Pour préciser le type de tromperie et le domaine dans lequel elle s'exerce, on dispose de nombreux mots qui renvoient tous à cette idée d'illusion trompeuse mais qui ne sont pas pour autant interchangeables.
Dans le domaine de la chasse ou encore de la guerre, on peut parler de "leurre". On a beaucoup entendu le mot pendant la guerre du Golfe : les journalistes et les militaires l'utilisaient pour désigner ces faux chars et fausses installations militaires disposées sur le terrain pour duper l'adversaire. A l'origine, un "leurre", c'est un appât et le mot vient du vocabulaire de la fauconnerie. Le "leurre" est un morceau de cuir rouge en forme d'oiseau auquel on attachait un appât pour faire revenir le faucon au poing. Le mot n'est plus utilisé qu'au sens figuré, un "leurre", ce peut être un piège : "je ne me laisserai pas prendre à ce leurre". Et, par extension, le mot a pris le sens de duperie, d'illusion, parfois même d'imposture : "espérer retrouver du travail à 50 ans est un leurre".
Dans un tout autre domaine, le domaine commercial, on n'utilisera pas le mot de "leurre" pour désigner les produits qui imitent frauduleusement un autre mais celui de "contrefaçon". Le substantif vient du verbe "contrefaire" : imiter, reproduire par imitation et aussi feindre en vue de tromper son entourage. La "contrefaçon", c'est d'abord l'action de contrefaire une œuvre qu'elle soit littéraire, artistique, industrielle, au préjudice de son auteur, de son inventeur. On désigne presque exclusivement actuellement par ce terme tous les produits commerciaux qui se font passer pour ce qu'ils ne sont pas : fausses chemises Lacoste, fausses montres Cartier, faux sacs Vuitton… C'est aussi un signe de célébrité et de succès que d'avoir des "contrefaçons".
La "contrefaçon" n'est pas la copie, celle-ci n'impliquant pas nécessairement la fraude. Quand la copie, meuble, tableau, se reconnaît comme telle, elle n'est pas une "contrefaçon" mais tout simplement une "imitation".
Autrefois, dans le domaine religieux, on parlait de "simulacre" pour désigner les représentations et plus particulièrement les statues de divinités païennes. Le mot, on l'entend, vient du verbe "simulare" qui signifie simuler, imiter. Le "simulacre" était donc considéré comme une représentation trompeuse. Actuellement, on utilise le mot dans un sens figuré et beaucoup plus abstrait ; le "simulacre", c'est une apparence trompeuse, une illusion, un "simulacre de bonheur", un bonheur feint, une imitation.
Le mot "simulacre" vient du latin "simulare" : faire paraître comme réel ce qui ne l'est pas. Sens premier : image, idole, reproduction de dieu. Puis, apparence sensible qui se donne pour la réalité. Plutôt abstrait : un "simulacre de mariage", en a seulement les apparences (idée de parodie).