SOUVERAINISTE
Par: (pas credité)
1) "Souverain" : origine latine "superanus" latin populaire qui a donné aussi "soprano", via l'italien et Soubiran (nom d'origine occitane).
Au départ, "souverain" = supérieur, qui domine par son excellence (Moyen Age). D'où l'expression "le souverain bien" qui désigne le bien suprême dispensé par Dieu.
2) Le mot "souverain" s'applique initialement à Dieu en tant qu'il détient l'autorité suprême.
Puis à la fin du Moyen Age, il désigne plus généralement celui qui détient l'autorité politique, à cette époque le "monarque", d'où l'assimilation des deux mots : "souverain" = "monarque".
Cette notion de "souveraineté" acquiert une valeur à la fin du XVIème siècle, notamment avec Jean Bodin, auteur d'un traité politique intitulé "La République", imité de Platon et Cicéron, dans lequel cet auteur désigne sous le terme "souverain" le principe abstrait qui détient l'autorité politique, quelle qu'en soit la forme.
"Souverain" devient alors distinct de "monarque", par exemple, qui désigne la fonction royale. En effet, dans une monarchie constitutionnelle par exemple, c'est "le peuple qui est souverain" en ce qu'il détient en dernière instance le pouvoir politique, tandis que le "monarque" (le Roi), exerce le pouvoir exécutif, ou toute autre fonction.
3) C'est Rousseau qui achève de donner au terme sa valeur abstraite, en désignant par le terme de "souverain", l'Etat en tant que celui-ci est un agent, un acteur, qui tire sa légitimité de la volonté générale. C'est de là que vient l'idée de "peuple souverain", chère à la Révolution, et encore aujourd'hui à notre constitution (article IV).
NB : le terme de "souverainiste" utilisé aujourd'hui dans la campagne européenne rejoint cet usage. En effet, l'idée de "peuple souverain" a conduit à l'idée moderne d'"Etat souverain", ce qui signifie que, à l'intérieur comme à l'extérieur, c'est l'Etat qui est reconnu comme autorité légitime : en droit international, on négocie entre "Etats souverains" (et on ne s'ingère pas dans les affaires d'un "Etat souverain"). Or, la construction de l'Europe a conduit les gouvernements successifs à opérer ce qu'on a appelé des "abandons de souveraineté", c'est-à-dire que l'on donne par exemple le droit au Parlement européen, voire à la commission européenne, de prendre des décisions qui s'imposent à l'Etat représentant la Nation (cf. par exemple les directives sur la chasse et la pêche, sur l'heure d'été, les aides financières des Etats à des entreprises, renflouement d'Air France, du Crédit Lyonnais… ). On appelle "fédéralistes", ceux qui les approuvent, en référence à la tradition américaine. On retrouve ici la différence entre Anglo-Saxons (Anglais et plus tard Etats-Unis) peu favorables à l'idée de "souveraineté", et les Français très favorables (cf. au XVIIème - XVIIIème siècle, la différence entre Locke, partisan d'une souveraineté limitée de l'Etat, au nom de la liberté, et Rousseau, favorable à une souveraineté illimitée).
4) Dans cette optique, "souverain" est souvent synonyme d'absolu : un "pouvoir souverain". Et de sans appel, une cour de justice "souveraine".
5) Au sens figuré, "souverain" = très efficace. Les commentateurs sportifs diront d'un joueur qui a dominé une rencontre qu'il a été "souverain".