CLASSE

Par: (pas credité)


La première "classe" disparaît à cette rentrée sur le réseau ferré de la banlieue parisienne, comme ce fut le cas pour le métro en 1991. A la joie de certains, au dépit de certains autres, on voit tout de suite que ce mot de "classe" introduit d'abord une idée de hiérarchie et de distinction.

Il vient, sans originalité, du latin "classis" qui renvoyait au départ aux différentes divisions de citoyens susceptibles d'être appelés sous les armes. Et d'ailleurs, en français, on a pu garder un sens militaire : "être de la classe 90", c'était avoir été appelé sous les drapeaux en 1991 ; "faire ses classes", c'était avoir été initié aux premiers rudiments du maniement des armes. Mais le service national ayant été réformé, ce vocabulaire, sous cette forme en tout cas, va disparaître.

L'idée de hiérarchie qu'on a évoquée est étrangement relativement récente en français et n'apparaît pas avant le XVIIème siècle, sous l'influence de l'adjectif latin "classicus" qui désignait la première des cinq "classes" entre lesquelles étaient répartis les Romains d'après leur fortune. Mais cette filiation explique bien le succès que le mot a connu dans le vocabulaire de la philosophie politique : "classes sociales", "luttes des classes", etc.

Et la première "classe", elle, est liée à une idée de supériorité : elle indique un "classement", un jugement qui donne l'idée d'une plus grande valeur, plus grande importance, plus grande qualité. On a même une expression "hors classe" qui est comme un superlatif de première "classe" et qui sort tout droit du vocabulaire de la hiérarchie.

Et le langage familier des jeunes d'aujourd'hui s'est emparé du mot en lui attribuant un parfum de chic, de distinction, tout en l'utilisant dans une syntaxe particulière (et relâchée, bien sûr) : non pas seulement "il a de la classe" - et l'expression existe aussi dans une langue très correcte, mais "il est classe".