CAFÉ

Par: (pas credité)


"Il a le dos large le café"… Si l'on en parle aujourd'hui, c'est qu'on a le prétexte d'une renégociation compliquée des accords commerciaux qui le concernent. Mais si l'on dit qu'"il a le dos large", c'est qu'il accueille la plus large des métonymies et qu'il désigne toute une série de choses différentes.

Une graine d'abord, celle du "caféier" - il faut bien commencer par le commencement - et l'on sait que ce grain, torréfié comme il faut et moulu comme il se doit, permet qu'on y fasse passer de l'eau chaude qui prendra sa couleur, son arôme et son charme. Le "café" est donc essentiellement une boisson : ce n'est pas le seul sens du mot, ni le premier mais c'en est pour ainsi dire la signification centrale, celle d'où fusent toutes les autres.

Ce "café" boisson peut passer du partitif au comptable : on dit du "café" (en général) - "Balzac buvait du café, beaucoup de café"… - mais "je peux aussi commander un café ou deux ou trois", c'est-à-dire une, deux ou trois tasses.

Mentionnons au passage l'expression "ça, c'est un peu fort de café !" qui joue sur la "force du café" : plus la boisson est concentrée en "café", plus on dit qu'il est "fort". Et cette locution signifie simplement "c'est exagéré, abusif…".
Et passons tout de suite à la couleur qui se module avec le lait : "café au lait" désigne en général une couleur de peau, sans que l'expression soit nullement péjorative, méprisante ou raciste. C'est assez rare pour être signalé, tant la langue a mauvaise réputation.

Mais le "café" est une affaire sociale : il peut se boire seul ou à plusieurs, et bien qu'on en boive à peu près quand on veut, on le considère traditionnellement plus à sa place à certains moments - notamment après le repas, et spécialement le déjeuner. Le "café" est donc devenu une heure de la journée et désigne même un type d'habitation : "Passe pour le café", signifie "passe après le déjeuner" (sous-entendu : "je ne t'invite pas pour le déjeuner, mais à venir me voir juste après").

Enfin, le "café" est un lieu, bien sûr, celui où l'on sert, où l'on boit du "café", mais celui où l'on se rencontre, où l'on parle. Au départ, le mot a été dissocié d'estaminet, de cabaret, lieu où l'on buvait du vin, lieu de rencontre considéré comme plus trivial, alors qu'au "café", les discussions étaient plus relevées. Mais, bien vite, le "café" est devenu plus large et plus usuel : on y boit ce qu'on veut, et la notion de lieu de convivialité est toujours très vivante à travers des expressions récentes ou même assez nouvelles, qui renvoient au spectacle ou à l'activité qu'on pratique dans ces établissements : "café-concert", "café-théâtre", "café-musique", et même "cybercafé".