HANDICAP
Par: (pas credité)
Les pyramides de chaussures qui, symboliquement, se sont élevées le 25 septembre 1999, avaient pour mission de sensibiliser le public à l'inhumanité des mines antipersonnel. Le tout sous l'égide de Handicap International, une association qui, comme son nom l'indique, veut défendre les handicapés et défendre leurs droits. Alors la question se pose : un handicapé, qu'est-ce que c'est ?
L'histoire du mot est étrange et le sens actuel est le produit d'un renversement complet du sens de ce mot.
Au départ, on a une expression anglaise, "hand in cap", la main dans la casquette. Et le "hand in cap" était un jeu qui consistait à évaluer, au petit bonheur la valeur d'un certain nombre d'objets cachés dans un chapeau qu'on avait simplement le droit de tâter, sans les voir. Une sorte de version ancienne du "juste prix". Et puis, bizarrement, le sens de l'expression s'étend au monde des courses de chevaux, à partir de cette idée de pari, de hasard. Il faut qu'au départ d'une course les chances de tous les chevaux soient égales pour que vraiment on n'ait pas d'idée précise sur le gagnant. On va donc tenter de faire courir des chevaux "égaux", en gommant leurs inégalités artificiellement. On rajoutera donc un certain poids sur le dos des chevaux les plus performants, pour les alourdir. Nivellement par le bas, donc. Le "handicap" est donc une gêne, un désavantage délibérément provoqué, et provisoire.
Et c'est là que le sens se retourne, pour désigner un désavantage qui n'est absolument pas souhaité, ni intentionnellement provoqué, une déficience physique ou intellectuelle, de naissance ou accidentelle qui affecte un être humain. Ce mot de handicap semble avoir été d'abord un euphémisme pour remplacer les termes d'"infirme" ou d'"attardé" qu'on sentait péjoratifs. Mais le changement de mot n'a rien changé à la chose.
Attention quand même à bien prononcer le mot et son "h" aspiré. On ne doit donc pas faire la liaison. Il semble même que cette règle se rigidifie avec le temps ; il tendait à devenir la norme. Avec les précautions qu'on prend aujourd'hui pour parler des "handicapés", la règle de prononciation s'est trouvée renforcée, comme si ne pas l'appliquer (dire les "z-handicapés") était une nouvelle atteinte à l'honneur de ceux-ci.