TRANSPARENCE

Par: (pas credité)


A Durban, en Afrique du Sud, vient de s'ouvrir la neuvième Conférence internationale sur la corruption, organisée par "Transparency International". Le nom de cette organisation est anglais. Toutefois, il est facile à interpréter (il est "transparent"…), et bien entendu conçu sur le modèle d'Amnesty International.
Et si l'image de la "transparence" s'oppose à celle de la corruption, c'est grâce à un sens figuré très fréquent qu'on retrouve à peu près de la même façon en anglais et en français.

La "transparence" est le contraire de l'"opacité". Au sens propre, un matériau est "transparent" lorsqu'il permet qu'on voit au travers. Le verre poli, par exemple, est "transparent". Si l'on tire des doubles rideaux devant la fenêtre, on aura créé un écran "opaque". Attention, l'adjectif "translucide" n'a pas exactement le même sens que "transparent" : il signifie : qui laisse passer la lumière, sans qu'on puisse vraiment voir à travers. Des voilages, pour reprendre notre exemple de la fenêtre, sont souvent "translucides".

Au sens figuré, "transparent" et "opaque" forment un couple qui est parfois symétrique de blanc et noir : la "transparence" est positive alors que l'"opacité" est péjorative. Et l'on parle de "propos transparents", d'"attitude transparente" lorsque ces propos ou cette attitude laissent clairement percevoir leur vrai sens. Une "allusion transparente" est une allusion qui n'est pas difficile à décrypter. Attention : tout n'est pas totalement clair, puisqu'on procède par allusion au lieu de dire carrément les choses. Mais une "allusion transparente" n'est pas faite pour être un masque, un obstacle à la compréhension ; au contraire, elle la guide de façon sûre.

Dans un contexte économique, on parle de "comptes transparents," de "comptabilité transparente", quand on n'a rien à cacher, qu'on n'essaie pas de dissimuler quoi que ce soit. De même on parle d'une "entreprise transparente" en disant "c'est une maison de verre".

L'ère Gorbatchev, dans les dernières années de l'Union Soviétique, avait fait entendre un mot russe dont le succès a été grand, "glasnost", qu'on a souvent traduit par "transparence". Cette "glasnost" consistait en principe à dire vraiment ce qu'on faisait, à parler de la réalité telle qu'elle était. Tout ça s'opposait à la "langue de bois". Au sens propre, "glasnost" évoque le fait de prononcer quelque chose à haute voix (donc dire tout haut ce qu'on taisait auparavant). Mais la sonorité de ce mot évoquant l'anglais "glass", ou le français "glace", on a parfois imaginé qu'il avait un rapport avec une idée de "transparence", d'où sa traduction. Le rapprochement étymologique est donc erroné, mais cette traduction était malgré tout heureuse.