CRISE

Par: (pas credité)


La "crise" ou comment en sortir ? Interrogation inquiétante, et qui dure, puisque la situation économique et sociale en France, en tout cas, est préoccupante, et que les indicateurs (comme on dit) du chômage ne sont pas très rassurants.

Mais qu'est-ce donc qu'une "crise" ? Le mot a de nombreux emplois ; au départ, pourtant c'est un mot médical.
D'après Hippocrate, par exemple, ce grand médecin grec qui vivait au IVème siècle avant J.-C., une "crise" est un moment, durant le déroulement d'une maladie, qui correspond à un effort violent pour effectuer une évacuation violente. Et ce qu'on évacue ainsi, c'est la matière pathogène : celle qui rendrait malade (sueur, salive, urine…). La "crise" est donc a priori un moment bénéfique. En fait, c'est celui où se décide réellement l'issue de la maladie : les moments de "crise" sont des moments critiques ("crise" et "critique" sont de la même famille), où la balance penche d'un côté ou de l'autre. Et en grec, krisis signifie en particulier décision, jugement, dénouement, résultat.
Donc, lorsqu'on parle de "crise" (économique ou commerciale…), on a plus ou moins dans l'idée que le corps social est malade, et que cette "crise" en est un symptôme.

Mais le mot a bien d'autres aspects et emplois : il évoque souvent une perte de contrôle brusque et spectaculaire, notamment dans l'expression d'une émotion : "crise de larmes", "crise de fou rire", "crise de jalousie". On a aussi la "crise de nerfs", image d'un éclatement anarchique, d'une bombe dont la déflagration a été longtemps contenue. Et familièrement, "piquer sa crise", c'est faire une colère avec l'idée qu'elle survient à un moment inattendu, un peu incongru.

Enfin ce mot de "crise" évoque souvent l'idée d'une mue, d'une transformation un peu douloureuse, mais nécessaire, et qui débouchera sur un état différent, métamorphosé. On parle ainsi de "crise d'adolescence", et de façon plus métaphorique, de "crise de croissance".
Mais on le sait, l'emploi le plus fréquent du mot en ce moment fait plutôt référence aux difficultés de l'emploi, même si on a tendance à employer des euphémismes tels que "récession", ou "dépression", pour ne pas dramatiser la situation.