PIETON

Par: (pas credité)


Doit-on " piétonniser " la place de la Concorde ? C'est en ces termes que le quotidien Libération pose le problème d'aménagement de cette place, orgueil de l'architecture parisienne. " Piétonniser " ? Bien sûr, c'est un néologisme, bien sûr, le mot n'existe pas, mais on comprend facilement son sens : rendre piéton, transformer en zone piétonne.

Et les zones piétonnes fleurissent dans les villes françaises. Ce sont des quartiers interdits aux voitures, réservés donc, en principe aux piétons, souvent davantage conçus pour le touriste que pour l'habitant, plus propices au " shopping " qu'au marché. Bref, l'uniformisation commerciale prend parfois le pas sur la défense du patrimoine.

L'expression zone piétonne est récente ; l'utilisation du mot comme adjectif aussi, en concurrence avec " piétonnier " qu'on emploie surtout en Belgique. Toutefois, à partir de cet usage, on déduit facilement le sens général du mot piéton : celui qui va à pied, opposé à celui qui va en voiture. Mais ce mot est ancien. Au 18ème siècle, il signifiait facteur qui fait sa tournée à pied. Et son premier sens était probablement militaire : le piéton était un fantassin qui s'opposait alors à celui qui allait à cheval.

Fatalement, le jugement de valeur pointe son nez : on dérive vers la " piétaille ", mot qui existe déjà en latin sous la forme " peditalia ", et qui désigne, de fil en aiguille, la plèbe, opposée aux chevaliers. D'autres dérivés de la même branche existent aujourd'hui, en particulier " piétiner " : avancer difficilement, à petits pas, spécialement quand le terrain est difficile. Le verbe est plus usité au sens figuré : ne pas avancer, s'embourber, s'enliser…