MUR
Par: (pas credité)
10 ans depuis la chute du Mur. Quand on évoque cet anniversaire, on ne précise même pas de quel "mur" il s'agit. On le sait, c'est le "mur de Berlin" qui sépara longtemps la ville en deux parties, et empêcha la communication libre entre l'est et l'ouest. C'était un vrai "mur", avec des pierres, des vopos et fusils… Le "mur" donc, sert souvent à limiter une ville, à en réguler l'accès.
Quelques expressions sont d'ailleurs directement dérivées de cette fonction du "mur" symbolique et concrète en même temps, et même des expression latines : "intra muros" (et parfois, c'est plus rare, "extra muros"). "Intra muros" (ce latin est du XIXème) s'emploie en particulier à propos de Paris, pour désigner la ville proprement dite, à l'exclusion de la banlieue.
Sur le même calque, on utilise la locution "hors les murs" pour parler d'une production délocalisée par rapport à son implantation d'origine : le centre Pompidou est actuellement en travaux, mais il continue d'organiser un certain nombre de manifestations culturelles ailleurs : c'est Beaubourg hors les murs.
Mais, c'est parfois le "mur" le plus ordinaire qui sert à former l'image. Deux peuvent être liées dans la mesure où chacun implique une partie du corps : "le dos au mur" et "au pied du mur".
"Être le dos au mur", c'est être acculé, ne plus avoir d'échappatoire, ne plus pourvoir gagner de temps. "Etre au pied du mur" a un peu le même sens (jadis, on disait "être au pied du mur sans échelle"… donc là encore, impossible de s'échapper).Cela signifie en fait qu'il est temps de faire ses preuves : l'heure n'est plus aux projets, ou aux belles paroles : il faut agir, et on sera jugé sur ses actes. L'expression d'ailleurs se croise avec le proverbe : "c'est au pied du mur qu'on voit le maçon".
On trouve une autre image importante qui est celle de l'obstacle, de l'obstacle infranchissable : le "mur de la langue" par exemple, qui rend difficile la communication avec les habitants d'un pays étranger.
Aussi bien désigne-t-on ainsi quelqu'un qui est buté dans un refus du dialogue, un silence : "autant parler à un mur" d'où "c'est un mur, je me suis cogné à un mur".
Et, si l'on sait que parfois, "les murs ont des oreilles" (obsession de l'espionnite en tant de guerre), on écrivait bien plus justement en mai 68 : "Méfiez-vous : les oreilles ont des murs".