COMMERCE

Par: (pas credité)


Et en voilà un mot qu'on entend et qu'on lit. Comme si le monde moderne tout entier se résumait à cette préoccupation. Vous voulez un prétexte pour en parler ? L'Organisation mondiale du commerce organise, à Seattle, une réunion ministérielle et les mouvements anti-OMC, les ONG de tous poils, associations de consommateurs, économistes, sociologues se mobilisent pour réfléchir aux dangers dont ce genre de réunion est porteur.

Tout ça ne nous dit pas ce qu'est le "commerce". Le mot est simple, vient du latin, est formé de "cum" (préfixe bien connu), et "merx", la marchandise. "Commercium" existe déjà en latin, avec des sens que le mot français moderne ne renie pas :
- lieu où l'on vend et où l'on achète - donc par extension boutiques, magasins ("il y a beaucoup de commerces dans ma rue", c'est-à-dire de boutiques de proximité, où l'on peut se procurer des produits de nécessité courante : alimentation, vêtements, quincaillerie de base, banque et café-tabac… "J'habite donc une rue commerçante").
- fait de vendre et d'acheter ("il a le sens du commerce").

A partir de cette première série de sens, s'en est bâtie une autre : le "commerce" est devenu synonyme de relation avec autrui. Mais étonnamment, cette direction aboutit plus ou moins à un cul-de-sac, et ces significations ne sont plus très productives. Pourtant, à partir du XIVème siècle, "commerce" a désigné une certaine façon d'être avec les autres et de se conduire en société. Il nous en est resté l'expression, un peu désuète, mais toujours comprise "être d'un commerce agréable", alors qu' "avoir commerce avec quelqu'un", dans le sens "entretenir des relations avec lui" est totalement sorti d'usage. De même, le sens péjoratif de "relations sexuelles" n'appartient plus qu'à la langue ancienne.

Mais aujourd'hui, le "commerce" est roi, et ses dérivés très employés : "commercialisation", "commercialiser", par exemple, qui signifie mettre en vente, concevoir en fonction d'une vente un produit ("commercialiser" Parler au quotidien consisterait par exemple à mettre les émissions sur cassettes, et à les vendre).
Quant à l'adjectif "commercial", très utilisé aussi dans des emplois nombreux ("droit commercial", "direction commerciale", etc.), il a aussi un sens péjoratif : une musique, par exemple, est dite "commerciale" si on la considère comme conçue principalement pour plaire, donc pour se vendre. Il y a là-dedans une idée de facilité qui n'est pas bien sympathique, et accrédite l'idée que tout cela s'est fait au détriment de l'art.